mardi 4 juin 2019

6043 - un seul espoir : le rembarquement

Embarquement de soldats blessés, à la "Baie ANZAC"
… avec des chefs aussi peu imaginatifs, aussi peu concernés par le succès de leurs propres opérations, et jamais sanctionnés même en cas de manquement flagrant à leur devoir, il devint de plus en plus difficile de motiver les troupes et de les convaincre que la victoire se trouvait peut-être bel et bien derrière cette crête-ci ou cette colline-là.

Convaincus - non sans raison - que chaque nouvel assaut se solderait par un nouvel échec et une nouvelle tuerie, baignant en permanence dans la puanteur des excréments et des cadavres en décomposition qu'il était impossible d"évacuer et d'enterrer, souffrant constamment de la faim et surtout de la soif, pataugeant jour après jour, mois après mois, dans des tranches infectes, surpeuplées et hantées par la vermine les rats et finalement la maladie et le gel, les soldats perdirent progressivement toute envie et même toute capacité à se battre, et furent finalement bien heureux de voir arriver, à la fin de 1915, un rembarquement qui consacrait certes leur défaite et rendait d'autant plus vains tous les morts et les sacrifices consentis jusque-là, mais qui, du moins, leur permettait enfin de se sortir d'une aventure depuis longtemps sans issue.

Ce rembarquement, qui aurait pu, qui aurait dû, se solder à nouveau par une catastrophe et des pertes dramatiques s'avéra au contraire, et paradoxalement, l'opération la mieux planifiée et la mieux mise en œuvre de toute la campagne !

Plus qu'un succès, ce fut en vérité un triomphe, qui permit à des dizaines de milliers d'hommes piégés depuis des mois sur seulement quelques kilomètres carrés de terrain d'échapper à la mort ou à la captivité.

Mais ce triomphe ne put hélas masquer la victoire finale des Ottomans, ni l'échec définitif d'une campagne à laquelle tout le monde avait pourtant cru, à commencer bien sûr par Winston Churchill...

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