mercredi 2 janvier 2019

5790 - "une chose trop sérieuse pour être confiée à des militaires",

Wavell : héros pour les uns, zéro pour les autres
... on peut sans doute reprocher à Churchill d'avoir nourri des attentes exagérées à l'égard de la Crète, et exigé de son armée des efforts et des sacrifices qu'elle n'était pas en mesure de fournir et de supporter, mais l'armée, dans cette affaire, n'a pas non plus joué franc-jeu.

"Winston est toujours en train d'espérer que des lapins vont sortir d'un chapeau vide !" avait amèrement soupiré Archibald Wavell après une énième demande de Churchill pour renforcer les défenses crétoises.

Mais depuis des mois, parce qu'il estimait, légitimement ou non, avoir des objectifs bien plus importants à protéger, et parce qu'il considérait dores et déjà la Crète comme perdue, Wavell n'avait quasiment rien fait pour améliorer la situation miliaire dans l'île, et la rendre plus défendable.

Pire encore : il n'avait pratiquement donné aucune suite aux demandes répétées du Premier Ministre, et lui avait systématiquement caché le véritable état des défenses de l'île !

La guerre, disait Clémenceau, est "une chose trop sérieuse pour être confiée à des militaires", mais elle ne peut pas non plus être gagnée lorsque les dits militaires dissimulent la vérité aux politiciens, et ne leur disent que ce qu'ils ont envie d'entendre.

On peut du reste légitimement se demander si Churchill se serait autant acharné à se maintenir en Crète s'il en avait connu la véritable situation militaire, et s'il aurait à ce point insisté pour en confier le commandement à son vieil ami Bernard Freyberg...

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