samedi 25 août 2018

5660 - l'hypersensibilité américaine

... si, jusqu’à sa mort, Halsey ne se reconnu jamais la moindre faute dans les événements de Leyte, il finit quand même par déclarer qu’au vu du déroulement des batailles de Saïpan d’abord, de Leyte ensuite, il aurait finalement été préférable pour tout le monde que ce soit Spruance qui commande à Leyte, et lui-même à Saïpan !

Mais réduire la carrière de Halsey aux seuls événements de Leyte, auxquels on ajoute souvent, pour charger encore davantage la barque, ceux des typhons Cobra et Connie, est profondément injuste en regard des succès qu’il avait remporté avant, et qu’il continua à remporter après et à vrai dire jusqu'à la fin de la guerre.

Au demeurant, la polémique de Leyte ne fait qu’illustrer l’extraordinaire sensibilité - ou devrait-on dire la sensiblerie - des Américains à l’égard des pertes,... ou plus exactement des pertes dans leurs propres rangs : quel que soit le pays et l’époque, une seule main suffirait sans doute pour compter les généraux et les amiraux qui n’ont jamais commis d’erreur de jugement ou de faute de commandement dans leur carrière et qui n’ont jamais, à cause de cela, entrainé la mort inutile de centaines ou de milliers de leurs propres soldats ou marins. 

Encore cette hypersensibilité américaine est-elle elle-même, et dans une large mesure, une simple question d’époque : après tout, le 8 novembre 1943, à Guadalcanal, face à une Amérique toujours sous le coup de Pearl Harbor, et qui doutait encore de la victoire finale, Halsey n’avait choqué personne en soulignant que la dite victoire ne s’obtiendrait pas sans pertes et "que l’on ne faisait pas d’omelette sans casser des oeufs" 

A l’époque, les pertes américaines, aussi désagréables fussent-elles, relevaient encore de l’évidence, et personne ne les remettait véritablement en question. 

Mais un an plus tard, en regard d’une victoire désormais assurée, les pertes n’étaient plus du tout aussi "acceptables" et Halsey, qui n’avait pas vu venir ce changement radical de sentiment, en paya le prix,... et le paye encore soixante ans après sa mort 

Si la guerre "zéro mort" n’a jamais existé, il en va de même pour la guerre sans erreur ni faute, et la seule manière réellement efficace d’éviter les uns et les autres demeurera à jamais... de ne se lancer dans aucune guerre...

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