… en 1944, donc, le caractère et les méthodes de Halsey, qui avaient fait merveille les deux années précédentes, constituaient désormais davantage une faiblesse qu’un atout.
Lorsqu’il avait conçu Sho-Go-1 - le plan de défense des Philippines - l’amiral Toyoda avait précisément tout misé sur cette faiblesse et parié que Halsey, s’il se voyait offrir un appât aussi attractif que désormais sans valeur militaire - en l’occurrence les porte-avions… sans avion, d’Ozawa - ne manquerait de se précipiter vers lui avec tous les moyens dont il disposait,... et donc en oubliant totalement la protection des bâtiments occupés à débarquer troupes et matériels sur les plages de Leyte.
Et sur ce plan-là du moins, Sho-Go-1 avait été une réussite, et seules la résistance inattendue des destroyers et bébés porte-avions stationnés devant l’île Samar, ainsi que l’indécision et les erreurs de Kurita lui-même, avaient fini par transformer en triomphe américain ce qui aurait pu, ce qui aurait dû, être un succès japonais.
Parce qu’il avait, au bout du compte, remporté la victoire, et même littéralement écrasé son adversaire, Halsey refusa, jusqu’à sa mort, de reconnaître qu’il avait bel et bien commis une faute, et ainsi provoqué la mort, qu’il lui aurait pourtant été très facile d’éviter, de plusieurs centaines de marins américains.
Et parce qu'elle ne pouvait se permettre d'attenter à l'image de héros sans peur et surtout sans reproche qui collait à Halsey depuis des années, la hiérarchie refusa de le condamner et, pour la même raison, persista dans son refus en deux autres occasions, lorsque Halsey, à nouveau plus préoccupé par la poursuite du combat que par la sécurité de ses équipages et de ses bâtiments, précipita par deux fois ceux-ci sur la trajectoire d'un typhon...
Aucun commentaire:
Publier un commentaire