Le New-York... à New-York, juste après la Capitulation japonaise |
... aujourd’hui encore, on se perd en conjectures sur la véritable raison de ce choix : pour certains, Spruance a tout simplement estimé que compte tenu des positions respectives du Yamato et des porte-avions de la Task Force 58, ces derniers ne se trouveraient pas dans une position suffisamment favorable pour lancer une attaque; pour d'autres, l'amiral, en tant qu'ex-commandant de cuirassés et de croiseurs, a plutôt voulu - à l’instar de Halsey - offrir aux cuirassés de l'US Navy - et dans ce cas-ci aux rescapés de Pearl Harbor - l'occasion d'une ultime, et glorieuse, bataille rangée avant leur inévitable départ vers le parc à ferrailles.
Individuellement, aucun des vieux bâtiments de Deyo - dont les plus anciens, les Texas et New-York, ont été mis en service en 1914, et le plus récent, le Colorado, en 1923 (!) - n'est évidemment en mesure de tenir tête au Yamato, mais à dix contre un (1), l'affaire paraît en tout cas sans risque, et même justifiée d'un point de vue militaire puisque, suite à l'inexplicable passivité des défenseurs d’Okinawa depuis le 01 avril, ces cuirassés, prévus pour le soutien des opérations de débarquement, n'ont jusqu'ici pas eu grand-chose à se mettre sous les canons.
Le problème, c'est que, sur la passerelle du porte-avions Bunker Hill, l'amiral Mitscher ne l’entend pas de cette oreille.
Depuis l’affaire de Saïpan, où il s’est vu contraint par Spruance de demeurer aux abords de l’île plutôt que de se porter directement à la rencontre des navires d’Ozawa, et depuis celle de Leyte, où Halsey lui a ravi le commandement tactique opérationnel, Mitscher estime en effet, non sans raison, avoir été privé de sa propre part de gloire.
Mais s’il est bien décidé à "s’offrir" le Yamato, comment y arriver sans pour autant enfreindre les ordres de Spruance, qui lui enjoignent de continuer à assurer la couverture aérienne d’Okinawa...
(1) cuirassés Texas, Maryland, Arkansas, Colorado, Tennessee, Nevada, Idaho, West Virginia, New Mexico et New-York. Mayo peut également compter sur une douzaine de croiseurs lourds et légers, et une trentaine de destroyers
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