Le Yamato : un dernier voyage et puis s'en va... |
... pour que Ten-gō Sakusen ait au moins un relatif intérêt militaire, l'amiral Toyoda a prévu de faire coïncider l'arrivée du Yamato à Okinawa avec le lancement de plusieurs centaines d'avions-suicides, mais aussi avec une vaste contre-offensive menée par les défenseurs de l'île.
Le problème, c’est que les avions, cloués au sol sur les terrains japonais par une météo désastreuse, arriveront après la bataille (1), et aussi que le responsable de la défense d’Okinawa, le général Mitsuru Ushijima, n’a aucune intention de faire quoi que ce soit avant le 14 avril, ce qu’il explique d’ailleurs longuement dans un message destiné à l’Amirauté, mais un message qui, pour des raisons encore mystérieuses aujourd’hui, ne se rendra jamais jusqu’à l’amiral Toyoda !
En pratique, et avant même son appareillage, le Yamato et son équipage sont donc condamnés à mourir pour rien,... et d’autant plus que les Américains, renseignés par leurs services de décryptage, par leurs appareils de reconnaissance, et par leurs sous-marins, sont parfaitement au courant de son départ et de son passage par le Canal de Bungo, le 06 avril, sur le coup de 20h00 !
Surnommé "le guerrier tranquille" en raison de son calme qui tranche si singulièrement avec celui de Halsey, le commandant de la Cinquième Flotte, Raymond Spruance est un homme que rien ne semble émouvoir.
Pourtant, peu avant minuit, il n'en surprend pas moins tout son état-major en décidant de barrer la route du cuirassé japonais non pas avec les porte-avions de la Task Force 58 de l'amiral Marc Mitscher, mais bien... avec les vieux cuirassés (2) du contre-amiral Morton Deyo qui, comme à Saïpan, comme à Leyte, comme devant les îles toutes reconquises depuis 1943, ne sont en principe destinés qu’à l’appui des forces de débarquement !
(1) pour tous les détails de cette bataille : Saviez-vous que... Ten Go Sakusen
(2) les cuirassés modernes de la Cinquième Flotte étaient quant à eux trop mal positionnés pour être en mesure d’intervenir à temps
Aucun commentaire:
Publier un commentaire