vendredi 2 février 2018

5456 - la priorité à l'Europe

… laissons à présent Halsey terminer sa convalescence pour revenir quelques semaines en arrière, et plus précisément au début de l’été, lorsqu’une reconnaissance aérienne a révélé que dans les Salomons, et plus précisément sur la grande île de Guadalcanal, les Japonais sont occupés à construire un terrain d’atterrissage qui, à terme, leur permettra de mettre en œuvre des bombardiers à long rayon d’action capables de frapper l’Australie.

Pour l’amiral King, il est essentiel de répliquer en débarquant un corps expéditionnaire capable de couper l’herbe non seulement sous les pieds de l’ennemi mais aussi, et peut-être surtout,… sous ceux de l’Armée de Terre.

Car à l’instar des Japonais, les Américains sont tiraillés, depuis le début de cette guerre, entre les ambitions de l’Armée de Terre et celles de la Marine, respectivement incarnées par le général George Marshall et l’amiral King lui-même.

En donnant la priorité à l’Europe au détriment du Pacifique au lendemain de Pearl Harbor, le Président Roosevelt a naturellement favorisé la première : la lutte sur ce théâtre d’opérations ne peut en effet être que terrestre, et avec une flotte de surface allemande réduite à peau de chagrin, et de toute manière contrainte, à l’image du cuirassé Tirpitz, de se terrer dans des ports ou fjords éloignés, le seul rôle de la Navy ne peut être que l’escorte de convois dans l’Atlantique - activité aussi monotone que dénuée de prestige - en attendant le jour où on lui demandera, peut-être, d’appuyer, grâce au feu de ses énormes cuirassés, un éventuel débarquement de l’Armée sur une quelconque plage d’Europe.

Le Pacifique, sur lequel la Navy avait de bien meilleurs arguments à faire valoir, étant dès lors considéré comme secondaire, la seule consolation de King a été au moins d’obtenir que le Corps des Marines, et en particulier son Infanterie, ne soit pas déployé en Europe, mais demeure au contraire dans le Pacifique et sous le contrôle de la Navy, ce qui, en théorie, offre à celle-ci la possibilité de passer un jour de la défensive à l’offensive, autrement dit à la reconquête des îles désormais occupées par les Japonais.

Le problème, c’est que dans le Pacifique aussi, l’Armée de Terre entend bien dicter son tempo...

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