Jagd Tiger définitivement enlisé... à l'image du Troisième Reich |
… toutes ces difficultés, bien sûr, étaient surmontables et faisaient assurément partie du cours normal de toute guerre, mais le problème, c’est que leur nombre, mais aussi le temps et les efforts nécessaires pour les surmonter, avaient, là encore, été largement sous-estimés !
On pouvait toujours installer un pont provisoire ici, ou effectuer un détour de quelques dizaines de kilomètres là-bas, mais cela exigeait de perdre plusieurs heures, voire plusieurs jours, et aussi de brûler des milliers de litres d’essence supplémentaires : la longue errance du Kampfgruppe Peiper de routes en routes et de ponts en ponts jusqu’à la panne d’essence finale constitue à cet égard l’exemple parfait des problèmes rencontrés par les divisions allemandes tout au long de Wacht am Rhein.
A cela s’ajoutaient les effets, impossibles à mesurer mais pourtant bien réels, provoqués par quatre années de guerre sur le niveau opérationnel des unités elles-mêmes, où la plupart des vétérans ayant connu le succès en France ou en URSS avaient dû être remplacés par des recrues qui, mal formées et trop jeunes ou trop vieilles, n’étaient plus que l’ombre de leurs aînés.
Hitler, déclara Manteuffel, "est malheureusement incapable de réaliser qu’il ne commande plus l’armée de 1939-1940" (1).
Et c'était d’autant plus vrai que le Führer ne faisait plus du tout confiance à cette armée ! Depuis le siège de Moscou, à l’hiver 41-42, et, surtout, depuis Stalingrad, l’année suivante, l’armée n'avait jamais cessé de le "décevoir" et de lui "désobéir". Et depuis l’attentat raté du 20 juillet 1944, il la suspectait même de vouloir le « trahir » en permanence, ce qui l’avait d’ailleurs amené à placer Wacht am Rhein sous le commandement opérationnel d’un SS d’abord et avant tout reconnu pour sa fidélité à sa propre personne plutôt que pour ses capacités militaires…
(1) Piketty, op. cit.
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