Rudolf Kastzner : héros pour les uns, traître à son peuple pour les autres |
Profondément abattu, Eichmann s'est alors réfugié dans l'alcool et n'en serait peut-être jamais sorti si, le 15 octobre, Hitler n'avait décidé d'en finir avec le Régent et de placer à la tête de la Hongrie un gouvernement davantage conforme à ses attentes - c-a-d jusqu'au-boutiste - et ce à la faveur d'une opération-commando menée par un autre Obersturmbannführer-SS... le tout aussi inévitable Otto Skorzeny !
Et le jour-même de l'abdication du Régent (1) et de la nomination de l'ultra-fasciste Ferenc Szálasi (2) à la tête du gouvernement, Eichmann, totalement dégrisé et à nouveau enthousiaste, convoque Rudolf Kastzner (3) - notable juif qui a lui aussi participé à la rocambolesque aventure "Juifs contre camions" du mois d'avril - et l'accueille d'un triomphal "Je suis de retour !"
Et de fait, avec ce retour, les déportations vont pouvoir reprendre, des déportations comme toujours chapeautées par un "Conseil juif" qui, il faut bien le dire, et à Budapest comme ailleurs, va désigner en priorité les membres les moins riches et les moins notables de la communauté.
Ainsi va partout la triste nature humaine...
(1) emmené en captivité après son abdication, Horthy sera libéré par les Américains en mai 1945 et s'exilera au Portugal, où il mourra en 1957
(2) après avoir fui la Hongrie pour l'Allemagne en mars 1945, Szálasi sera capturé par les Américain et remis aux nouvelles autorités hongroises, qui le pendront pour Haute Trahison en mars 1946
(3) Kastzner émigrera en Israël après la guerre. Accusé en 1953 de n'avoir été qu'un collaborateur des Allemands, ou à tout le moins de n'avoir négocié que la seule survie des Juifs qui pouvaient se la payer, il sera assassiné par un extrémiste juif à Tel-Aviv en mars 1957.
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