Le "Natter" : une solution de désespoir... financée par la SS |
Sur le principe, on peut le comparer au Yokosuka "Ohka" japonais,... le côté volontairement suicide en moins (1) puisqu'une fois sa mission accomplie, le "pilote" n'a qu'à actionner un levier qui, en sectionnant l'appareil en deux parties au niveau du poste de pilotage, lui permettra - du moins en principe - de s'en extraire grâce à un parachute.
Dans un État mininalement rationnel, un cahier des charges aussi délirant
ne franchirait même pas le stade de l’idée, mais en cet automne de
1944, il y a déjà bien longtemps que le Troisième Reich a cessé d’être
rationnel en sorte que l’idée, bien que rejetée par la Luftwaffe, a
finalement emporté l’adhésion, et même l’enthousiasme,... d’Heinrich
Himmler et de la SS!
Grâce au soutien financier de celle-ci, le "Natter" sera donc produit en (petite) série et testé à plusieurs reprises, d'abord comme planeur remorqué derrière un
Heinkel 111, puis lancé à la verticale (mais sans pilote) le long de sa
rampe.
Et le 01 mars 1945, le lieutenant Lothar Sieber entrera dans l'Histoire
comme le premier pilote officiel de "Natter" et même, jusqu'au décollage de Vostok-1 seize ans plus tard, comme le premier pilote d'une fusée partie du sol... honneur malheureusement aussi bref que posthume puisque, cinq secondes à peine après le décollage, le
poste de pilotage du "Natter' s'arrachera de l'ensemble, tuant Sieber sur le coup (!)
Une trentaine d'essais supplémentaires, quelques uns pilotés, auront néanmoins lieu
jusqu'en avril 1945, lorsque l'irruption des troupes alliées dans
l'usine et sur les sites de lancement renverra le "Natter" aux oubliettes d'une Histoire, dont il n'aurait jamais dû
sortir...
(1) une première ébauche du "Natter" envisageait en nez en béton, destiné à l'abordage des bombardiers, qui n'aurait évidemment laissé que fort peu de chances au pilote
1 commentaire:
Bonjour!
Vous évoquez fort bien le contexte qui a mené à la genèse du Natter, mais ce n'était pas le seul projet "du désespoir"...il y a aussi eu (entre autres) le V1 Piloté, avec un cockpit minuscule .celui là était, sauf erreur, sorti du chapeau de la Luftwaffe.
Le pilote était supposé pouvoir s'éjecter...mais le siège et la verrière étaient pile poil devant l'entrée d'air du pulsoréacteur.
Il faut dire aussi que toute l'exploration du domaine des avions à fusées ou a réaction dans la seconde moitié des années 40 et les années 50 a été marquée par une véritable hécatombe de pilotes d'essais, car on a tenté ...à peu près n'importe quoi (le jet "baroudeur" français ,sans train d'atterrissage , les statos Leduc , les avions sans queue come le DH Swallow, les avions à décollage vertical...dans un domaine , le transsonique et le supersonique, où tout était à défricher et qui présentait des risques énormes.
Certes le contexte était différent (Paix -ou guerre"froide"- recherche spatiale, défrichage d'un domaine nouveau...etc) mais à cette époque on faisait sans doute plus facilement bon marché de la vie du pauvre bougre chargé de dompter le monstre et qu'en l'absence de simulations informatiques , il fallait que quelq'un risque sa peau pour "aller voir"
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