"Quand nous aurons gagné, qui nous demandera des comptes sur la méthode" |
Mais en définitive, la véritable explication de leur comportement doit sans doute être cherchée ailleurs, à savoir dans cette invraisemblable idéologie des "sur-" et des "sous-hommes" qu'Himmler, - mais pas seulement lui ! - leur a inlassablement martelée pendant des années, ainsi que dans la banalisation progressive du meurtre qui, au printemps 1941, a amené non seulement la SS, mais aussi la quasi-totalité de la Wehrmacht, à ne plus raisonner qu'en "millions de morts"...
Car comment reprocher à un frustre caporal de l'Einzatsgruppe D d'avoir personnellement exécuté par balles quelques dizaines de femmes et d'enfants juifs alors que son chef, Otto Ohlendorf, pourtant brillant juriste et économiste, a coordonné l'assassinat de dizaines de milliers d'entre eux, et son chef à lui, Reinhard Heydrich, celui de centaines de milliers ?
Et comment en vouloir à Heydrich de préférer désormais le meurtre de masse à la "relocalisation" quand son propre supérieur, Heinrich Himmler, ne voit aucun problème, et n'éprouve pas la moindre gène, à mentionner, le 11 juin 1941, lors d'une réunion au Château de Wewelsburg, devenu le nouveau Camelot de la chevalerie SS, qu'il estime pour sa part à... trente millions (!) le nombre de personnes appelées à disparaître en URSS ?
Et comment en vouloir à ce dernier quand, à peine cinq jours plus tard, Adolf Hitler lui-même souligne "que nous devons gagner", et ce "que nous ayons ou tort", parce que c'est "la seule voie", parce que celle-ci est "moralement juste et nécessaire" et enfin, et surtout, parce que "quand nous aurons gagné, qui nous demandera des comptes sur la méthode"...
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