vendredi 29 juillet 2016

4903 - "Je ne sais plus que faire"

"Ils sont encore arrivés par centaines. Je n'ai ni toit ni vivre ni rien"
… mais en attendant de mettre la main sur ce territoire de cocagne suffisamment éloigné et surtout suffisamment vaste pour y expédier tous les Juifs d’Europe, que faire de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants dont l'Allemagne mais aussi les pays qu'elle occupe ne veulent plus,... si ce n'est continuer à les entasser dans des ghettos ?

Or les dits ghettos, conçus comme de simples et très provisoires "camps de transit", ne sont ni équipés ni dimensionnés pour héberger et nourrir pareille multitude durant plusieurs semaines ni, a fortiori, pendant plusieurs années !

"(...) les trains déversaient les gens sur les marchés, à la gare, n'importe où", déclarera ainsi Fritz Artl, chef du Service de la Population auprès du Gouvernement général de Pologne. "Tout le monde s'en fichait. Nous avons reçu un coup de fil du responsable de district qui se plaignait : "Je ne sais plus que faire [des Juifs]. Ils sont encore arrivés par centaines. Je n'ai ni toit ni vivre ni rien"" (1).

De fait, depuis l'automne de 1939, et en application de la gigantesque politique de "reingénierie ethnique" menée par Himmler, des centaines de milliers de Juifs ont déjà été "réinstallés" dans ces ghettos polonais surpeuplés, où ils ont dû se trouver une place - et un toit - au milieu des Juifs locaux qui, on s'en doute, n'ont nullement apprécié l'irruption de ces nouveaux venus dans les pièces minuscules où ils logeaient déjà à huit ou neuf, et survivaient avec presque rien,..

(1) Goldhagen, op. cit.

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