Frick et Himmler : deux visions opposées de l'Ordre au sein d'une même dictature |
Bien que nazi convaincu, et compagnon de route du Führer depuis 1919, Wilhelm Frick, un éminent avocat et juriste bavarois, milite également pour ce retour.
Ancien chef de la Police de Munich, député fédéral en 1924, Ministre de l'Intérieur de Thuringe en 1930, Frick est devenu Ministre de l'Intérieur du Reich en janvier 1933,... ce qui lui a aussitôt valu d'entrer en conflit ouvert avec Hermann Goering, grand-maître de la Police de Prusse puis de la Gestapo
Comme souvent en pareil cas, et comme nous l'avons vu, c'est un troisième larron, Heinrich Himmler, qui a finalement tiré les marrons du feu, mais dans l'étrange et à vrai dire surréaliste organigramme du Troisième Reich, le Ministre de l'Intérieur, bien qu'ayant perdu le contrôle effectif de la Police au profit du Reichsführer-SS, demeure, dans ce domaine du moins, le supérieur hiérarchique de ce dernier, et entend bien, à ce titre, rogner dans les prérogatives de la SS, en ramenant la Police dans son propre giron !
"Frick (...) continuait de soutenir que les nouveaux instruments de répression sous le contrôle de la SS - et en particulier les camps de concentration - ne constituaient que des outils temporaires, créés dans le but de s'emparer du Pouvoir, et dans la foulée de sa saisie, et qu'ils devaient donc retourner sous un strict contrôle gouvernemental une fois le calme politique rétabli.
En 1935, le réseau communiste clandestin désormais largement anéanti, et ses chefs emprisonnés, il décida que le temps était venu de démanteler les outils de répression extra-judiciaire de la SS et d'en revenir à des moyens légaux pour lutter contre les crimes politiques.
Himmler et Heydrich, par contraste, essayaient d'étendre leurs pouvoirs de Police précisément au moment où l'État nazi paraissait manquer d'ennemis à arrêter (...) Il leur fallait vendre [à Hitler] l'idée d'un État policier permanent" (1)
(1) Gerwarth, op. cit. page 86
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