Remonté à bord bien plus discrètement qu'il n'en était descendu quelques heures auparavant, Cunningham appareille d'Alexandrie à 19h00, avec le Warspite, ses jumeaux Valiant et Barham, mais aussi le porte-avions Formidable - qui a pris la relève de l'Illustrious (1) - et une dizaine de destroyers d'accompagnement.
Dans le même temps, l'amiral Pridham-Wippel quitte le Pirée avec quatre croiseurs légers (dont l'australien Perth), et la mission d'aller se positionner aux alentours de l'île de Gavdo... c-à-d sur la route du principal corps de bataille italien.
Côté italien, justement, le survol par un hydravion parti de Malte n'est évidemment pas passé inaperçu. Sur la passerelle du Vittorio Veneto, qui a quitté Naples dans la soirée du 26, l'amiral Iachino sait qu'il a été repéré, et il sait aussi qu'à moins d'un invraisemblable miracle, il n'a désormais plus aucune chance de tomber sur le moindre cargo britannique !
A quoi bon, dans ces conditions, poursuivre une opération dores et déjà condamnée, et qui n'aboutira en fait qu'à brûler de précieuses tonnes de mazout dont les rapides navires italiens sont - comme nous l'avons vu - particulièrement friands ?
Mais abandonner maintenant, dès les premières heures de la première véritable opération offensive de la guerre, et le faire au vu et au su des Allemands - dont plusieurs officiers sont présents sur le Veneto - tout cela est politiquement inacceptable, ce pourquoi Iachino se voit-il intimer l'ordre de poursuivre sa mission jusqu'à Gavdo comme si de rien n'était, la seule modification au plan concernant les croiseurs de Cattaneo qui, plutôt que de pénétrer en Mer Égée, reçoivent pour instruction de rallier le corps de bataille principal au matin du 28 mars...
(1) ces deux porte-avions sont de la même classe de quatre navires, qui comprend également l'Indomitable et le Victorious
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