3483 - d'un fjord à l'autre

... Altenfjord, 6 juillet 1942, 11h30

A la consternation de tout son équipage, le Tirpitz vient de jeter l’ancre dans cet Altenfjord qu’il avait pourtant quitté moins de 24 heures auparavant !

Repéré en mer par un sous-marin soviétique bien avant d’avoir rejoint les cargos du convoi PQ-17, sa sécurité ne pouvant dès lors plus être garantie, le cuirassé a en effet été contraint de faire demi-tour avec tout le reste de la flotte de surface allemande.

Dans la soirée, l’Opération Rösselsprung officiellement annulée, et tout espoir d’une nouvelle sortie définitivement enterré malgré les objections des amiraux Schniewind et, surtout, Kummetz, le Tirpitz, mais aussi le Panzerschiff Admiral Scheer et le croiseur lourd Admiral Hipper, ont donc repris la route du sud pour rallier le Bogenfjord de Narvik.

A bord du Tirpitz, où l’amertume est générale, beaucoup espèrent du moins que ce fjord, plus proche de la route des convois, constituera une meilleure base d’opérations que le Faettenfjord de Trondheim, antre du Tirpitz depuis le début de l’année 1942.

Hélas, le Bogenfjord est aussi dénué d’infrastructures que le Faettenfjord et, surtout, l’Amirauté allemande est moins désireuse que jamais d’utiliser le grand navire pour une nouvelle mission contre les convois alliés en route vers l’URSS : orgueil et fierté du Reich tout entier, et symbole par excellence de la toute-puissance du régime hitlérien, le Tirpitz ne peut en effet être exposé au moindre risque, et l’expérience de Rösselsprung vient d’ailleurs de démontrer que, quoi qu’on fasse, cette sécurité ne pourrait jamais être garantie en mer.

Pour le Tirpitz et son équipage, les jours qui s'en viennent s’annoncent donc fort sombres...