A la sortie du Détroit de Matoshkin, et contre toute attente, ce ne sont pourtant pas les si redoutés sous-marins allemands, mais bien le brouillard qui, une fois de plus, attend les survivants du PQ-17.
Un brouillard à couper au couteau, qui offre certes l'avantage de dissimuler le petit convoi aux regards allemands (1), mais dans lequel les dix-sept navires ne tardent pas à se perdre eux-mêmes de vue et, d'heure en heure, à s'éloigner les uns des autres.
De fait, et sans qu'on sache s'il l'a ou non fait exprès, le Benjamin Harrison américain, dont le capitaine s'était violemment objecté à l'appareillage, ne tarde pas à disparaître dans la brume et, demeuré seul et sans protection, à reprendre le chemin du Détroit pour y chercher abri !
Considéré du point de vue britannique, le brouillard offre cependant bien plus d'avantages que d'inconvénients puisqu'en cette journée du 8 juillet, seul l'Olopana américain, un 6 000 tonnes bourré d'explosifs et d'essence pour avion, va succomber aux coups de l'adversaire, et plus précisément aux torpilles et aux obus (2) du U-255 dont l'équipage, sacrifiant lui aussi à la coutume (3), lance quelques boîtes de biscuits aux rescapés avant de les abandonner à leur sort...
(1) à cette date, les avions et sous-marins qui continuent de fouiller la Mer de Barents en quête de navires survivants ignorent encore que dix-sept d'entre eux viennent de reprendre la mer après s'être réfugiés durant 24 heures dans le Détroit de Matoshkin
(2) pour économiser leurs précieuses torpilles, et à chaque fois qu'ils le pouvaient, les sous-marins faisaient surface afin d'achever leur victime au canon
(3) au-delà du geste humanitaire, il faut également voir dans cette pratique l'occasion pour le sous-marin, de recueillir, auprès des survivants hébétés et terrorisés, de précieux - et indispensables - renseignements sur sa victime et la présence éventuelle de navires de guerre, ou d'autres victimes potentielles, dans les environs
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