lundi 28 août 2006

1268 - la chute de Sebastopol

... À l'automne 1941, la XIème armée de Manstein avait envahi la Crimée. Mais la résistance acharnée des Soviétiques, et la venue de l'hiver, l'avaient empêchée de s'emparer de la ville et de la citadelle de Sébastopol, verrou stratégique essentiel entre la Mer Noire et la Mer d'Azov.

A tort ou à raison, Hitler estima, à la veille de sa grande offensive dans le Caucase, qu'il ne pouvait laisser peser pareille menace sur son flanc sud.

Pour réduire la forteresse de Sébastopol, considérée comme la plus puissante d'Europe, il envoya à Manstein les plus gros canons du monde, soit plusieurs exemplaires du mortier Karl (1) - qui tiraient à 4 000 mètres un projectile de plus de deux tonnes, et le tout nouveau canon Dora, un monstre de 30 mètres de long et de 1 350 tonnes, qui expédiait à 60 kms un obus de 7 tonnes (2)

Rétrospectivement, Manstein lui-même reconnût que ces canons géants n'avaient jamais justifié le temps et les moyens nécessaires pour leur mise en œuvre : Dora à lui seul ne pouvait en effet voyager qu'en pièces détachées, par trains spéciaux, ce qui imposait un remontage qui durait plusieurs semaines et mobilisait plus d'un millier d'hommes.

Avec pareille artillerie, et l'appui de près de 1 300 canons plus conventionnels - soit une moyenne de 6 canons au kilomètre - Manstein finit par s'emparer de la place, qui tomba le 01 juillet 1942. Plus aucune autre offensive de la Wehrmacht ne devait par la suite mobiliser pareille concentration d'artillerie, laquelle demeura pourtant faible dans l'absolu puisque, lors de leur offensive finale sur Berlin, les Russes installèrent un canon tous les quatre mètres !

La prise de Sebastopol, et la capture de 95 000 soldats russes supplémentaires, valut à Manstein sa promotion au titre de Feld-Maréchal.

Elle lui valut aussi de se voir expédié à plus de 2 000 kilomètres de là : fou de joie à l'annonce de la chute de Sebastopol, Hitler venait subitement de réaliser que Manstein était décidément l'homme-miracle qui lui fallait pour s'emparer de Leningrad, contre laquelle ses troupes butaient depuis plus d'un an.

Loin de prêter main-forte à la VIème armée de Paulus, comme il était prévu à l'origine, la XIème armée fut alors démantelée, et ses principales unités réparties ici et là. Avec Manstein et la XIème armée, le sort de Paulus à Stalingrad eut peut-être été différent...

(1) Saviez-vous que... No 118
(2) Saviez-vous que... No 119

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