lundi 21 août 2006

1261 - la loi du nombre

... Les soldats allemands étaient meilleurs - probablement les meilleurs du monde - ils étaient mieux commandés, et ils disposaient généralement d'armes plus performantes que celles de leurs adversaires. Ils furent pourtant vaincus.

Depuis trois générations, de multiples explications ont été avancées pour expliquer l'incroyable épopée d'une Nation qui, après avoir remporté d'immenses victoires sur ses adversaires, et spectaculairement étendu son territoire - particulièrement à l'Est - fut finalement contrainte à l'arrêt, puis à une lente et inexorable retraite, avant de finir laminée, en ruines, et occupée par ses adversaires.

Des erreurs de Hitler aux caprices de la météo, en passant par la malchance, les trahisons, le décodage allié des transmissions ENIGMA allemandes, le sacrifice insensé de millions de soldats de l'armée rouge, ou encore le manque de pétrole, toutes ses explications ne seraient rien sans la pure et simple loi du nombre : l'Allemagne, tout comme le Japon, fut vaincue parce qu'elle n'avait pas assez de soldats pour remplacer ceux tués au Front, pas assez d'aviateurs pour prendre la relève de ceux disparus au combat, pas assez de tanks, de canons ou d'avions pour affronter ceux de ses adversaires.

La "volonté" des hommes, le sens tactique des officiers, la qualité du matériel et même la venue d'armes "miracles" - comme les fusées ou les avions à réaction - ne pouvaient emporter la décision sur des adversaires qui alignaient cinq ou dix fois plus de soldats, de tanks ou d'avions et qui, malgré tout, finissaient - particulièrement du côté russe - par apprendre de leurs erreurs et à utiliser troupes et matériels plus intelligemment qu'au début.

A la fin de la guerre, les Alliés occidentaux et soviétiques parviendraient à employer aussi efficacement que les Allemands le binôme tanks/avions. Et comme leur industrie pouvait en produire bien davantage que l'industrie allemande, l'issue ne faisait aucun doute.

Un chiffre résume à lui seul ce constat : bien qu'ayant perdu plus de 16 000 appareils, l'aviation soviétique était, à la fin de 1941, plus puissante que l'aviation allemande, qui avait pourtant perdu sept fois moins d'appareils (!) mais dont l'industrie ne parvenait plus à compenser les pertes.

Même s'il refusait de les admettre en public, Hitler ne pouvait ignorer des chiffres que l'entrée en guerre des Etats-Unis (7 décembre 1941) ne pourraient qu'aggraver.

Comprenant que le temps jouait plus que jamais contre lui, il décida de se lancer dans un nouveau pari : celui d'achever la conquête de l'URSS avant la fin de 1942, c-à-d avant que les ressources matérielles des Etats-Unis ne fassent définitivement pencher la balance en faveur des Alliés...

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