samedi 19 août 2006

1259 - l'ivresse de la victoire

... "Impossible de le nier", écrivit Paul Karl Schmidt (alias Paul Carell) : "Hitler et Staline luttent de vitesse, à coups de décisions erronées et fatales; c'est à celui des deux qui fera commettre à son État-major les plus lourdes fautes"

Et de fait, après la grave sous-estimation par Hitler du véritable potentiel de l'armée soviétique, et ses interventions aussi constantes qu'inopportunes dans la conduite des opérations sur le terrain, qui amenèrent finalement l'armée allemande à retraiter devant Moscou, ce fut au tour de Staline de sous-estimer la capacité de résistance des Allemands et de se laisser aller à l'ivresse d'une victoire apparemment facile.

Encouragé par le formidable succès de la contre-attaque qui, en quelques semaines, avait repoussé le groupe d'armée centre sur près de 160 kms, le Petit Père des Peuples en arriva à la conclusion qu'avec quelques effort et, là encore, beaucoup de "volonté" supplémentaires, il pourrait tout aussi bien raccompagner les Allemands jusque Berlin, et gagner la guerre à lui tout seul.

Le 5 janvier 1942, il réclama rien de moins qu'une offensive de grande envergure tant vers le Nord et Leningrad, que vers le Sud et la Crimée. En vain Joukov tenta-t-il d'attirer son attention sur l'impossibilité matérielle d'une telle entreprise, avec des troupes épuisées, trop peu nombreuses et encore mal équipées.

Après quelques jours, la grande offensive de Libération dégénéra en une succession d'escarmouches indécises et sans orientation précise, qui virent des milliers d'hommes mourir en pure perte, avançant et reculant au fil des attaques et contre-attaques.

Pour finir, le Petit Père des Peuples décida de jeter l'éponge et de laisser aux seuls généraux le soin de mener la guerre sur le terrain.

Paradoxalement, la stabilisation progressive du Front, à partir de la mi-janvier 1942, persuada au contraire Hitler de la pusillanimité de ses propres généraux et du fait que c'était lui, et sa seule "volonté", qui avait réussi à briser la malédiction napoléonienne, et permis aux armées allemandes de tenir des positions finalement favorables à la reprise des hostilités dès le retour du printemps...

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