vendredi 18 août 2006

1258 - l'affaire de Demiansk

... Soixante ans plus tard, la décision de Hitler de "tenir le Front à tout prix" au cours de l'hiver 1941-1942 continue de diviser les historiens, entre ceux qui la considèrent comme la seule chose qu'il était possible de faire pour éviter à l'armée allemande une nouvelle Berezina, et ceux qui n'y voient qu'un sacrifice aussi inutile qu'inhumain d'hommes et de matériels; entre ceux qui louent le "réalisme" d'Adolf Hitler et ceux qui remarquent qu'un Manstein plus imaginatif devait, au cours des deux années suivantes, parvenir à un résultat analogue mais en sauvant bien plus de vies humaines.

Petit à petit, néanmoins, et bien qu'au prix de pertes très élevées, la résistance acharnée des Allemands finissait par émousser les attaques soviétiques. Là où elles n'étaient pas autorisées à retraiter, les troupes allemandes combattaient en effet jusqu'au bout et réussissaient même, parfois, par reprendre le terrain perdu.

Ainsi en fut-il des 100 000 hommes retranchés à Demiansk qui, dans cette sorte de Bastogne avant l'heure, parvinrent à immobiliser plusieurs armées soviétiques jusqu'à ce qu'ils soient secourus, en avril 1942. A raison de plus de 100 vols par jour, la Luftwaffe leur avait apporté 60 000 tonnes de vivres et de munitions, et avait évacué 35 000 blessés.

Remarquable en soi, ce "pont aérien" n'en avait pas moins considérablement entamé le potentiel d'une Luftwaffe déjà exsangue : pour ravitailler la poche de Demiansk, la Luftwaffe avait en effet dû mobiliser plus de 400 avions... et avait perdu dans l'opération quelque 120 trimoteurs JU-52 impossibles à remplacer (!)

Surtout, l'affaire de Demiansk renforça Hitler dans sa conviction que même les troupes les plus encerclées pouvaient remporter la victoire moyennant un ravitaillement aérien et beaucoup de "volonté" ce qui, un an plus tard, devait avoir des conséquences tragiques, à Stalingrad...

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