mardi 15 août 2006

1255 - le crépuscule des généraux

... le 18 décembre 1941, le maréchal von Bock, apprit que le Führer avait accédé à sa demande d'être relevé de son commandement du groupe d'armée centre. Le lendemain, ce fut le tour du maréchal von Brauchitsch, commandant en chef de l'armée de terre.

Ces deux limogeages, qui suivaient celui de von Runstedt (01 décembre) et de plusieurs autres officiers supérieurs, ne marquaient pas seulement l'échec de l'Opération Barbarossa : ils reposaient avec acuité le problème du commandement opérationnel de l'armée allemande.

Au total, 35 généraux furent ainsi limogés durant l'hiver même si - Hitler n'étant pas Staline - aucun ne fut fusillé pour l'exemple, tandis que beaucoup devaient pas la suite retrouver un autre commandement.

Pour remplacer Brauchitsch - cet homme "complètement malade et au bout du rouleau" selon les propres paroles de Hitler - le nom d'Erich von Manstein était le plus souvent cité, et le serait encore au cours des années à venir.

A tous égards, Manstein était un manœuvrier de génie, et probablement le plus grand stratège de la 2ème GM. C'est à lui que l'on devait notamment les plans d'invasion de la Pologne, et l'idée du magistral "coup de faucille" de la Campagne de France. A 54 ans (depuis le 24 novembre), il était également, avec Rommel, le général le plus populaire de l'armée allemande.

Un homme brillant donc, sans doute trop aux yeux de Hitler, qui ne pouvait supporter que quelqu'un puisse lui faire de l'ombre (1) et se méfiait de lui (2)

C'est pourquoi, contre toute logique militaire, et à la consternation des généraux, Hitler décida de ne pas remplacer von Brauchitsch et d'assumer lui-même le commandement en chef de l'armée de terre, qui n'était selon lui "qu'une petite affaire de commandement tactique (...) à la portée du premier venu" (3)

Le 19 décembre 1941, Hitler s'ajouta donc cette charge à celles, déjà considérables, de Chef de l'État et de Chancelier du Reich.

Pour la Wehrmacht, ce fut le début de la descente aux enfers...

(1) Hitler s'était personnellement attribué tout le mérite du "coup de faucille" pourtant dû à Manstein
(2) ironiquement, c'est également vers Manstein que se tournèrent, après Stalingrad, les partisans d'un coup d'État contre Hitler
(3) Kershaw, page 663

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