
Pour les observateurs français et britanniques, rien n'était en effet plus invraisemblable que cette alliance entre l'eau et le feu, entre deux nations que tout opposait au plan idéologique, et dont l'une - l'Allemagne nazie - n'avait jamais cessé de considérer l'autre - l'URSS bolchevique - comme une ennemie mortelle dont elle entendait bien purger le monde dans un avenir pas trop éloigné.
Mais Hitler et Staline étaient deux dictateurs, qui cherchaient avant tout à gagner du temps, se souciaient peu de rhétorique, et n'avaient aucune opinion publique à convaincre. Du reste, l'Allemagne capitaliste et la Russie communiste commerçaient déjà bien avant l'arrivée de Hitler au Pouvoir.
Au plan politique, l'accord se voulait "pacte de non-agression",... que chacune des parties entendait bien renier à la première occasion. Au plan commercial, en échange de produits manufacturés allemands - y compris d'armes (1) - l'URSS s'engageait à livrer à l'Allemagne d'importantes quantités de blé et, surtout, de pétrole, dont cette dernière avait désespérément besoin pour ses armées sur le point de partir à la conquête de l'Europe.
Mais ce pacte valait surtout par son "Protocole secret", dont le monde n'apprendrait l'existence que des années plus tard. Un "Protocole secret" qui prévoyait rien de moins que le dépeçage de la Pologne, et son partage entre l'Allemagne et la Russie
(1) ainsi en fut-il du croiseur lourd Lützow (classe "Hipper" : 18 000 tonnes max, armement : 8 x 203mm). Initialement destiné à la Kriegsmarine, et lancé en juillet 1939, le Lützow n'était pas totalement terminé lorsqu'il fut, en vertu de cet accord, cédé à l'URSS en mai 1940. Rebaptisé Petropavolvsk, il servit comme batterie flottante contre l'armée allemande devant Leningrad jusqu'en janvier 1944, avant d'être ferraillé à la fin des années 1950.
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