... reconnu apte au combat le 24 décembre 1941, l'U-156 a débouché du canal de Kiel et, naviguant essentiellement en surface a pris la direction de l'Atlantique à la vitesse moyenne de 12 nœuds.
Jusqu'à l'apparition de la propulsion nucléaire - et en dépit de diverses tentatives comme celle des turbines au peroxyde d'hydrogène - les sous-marins se caractérisent par leur système mixte diesel/électrique qui, fondamentalement n'a guère évolué depuis la première guerre mondiale. Les moteurs diesel offrent la vitesse (jusqu'à 18 noeuds) et l'autonomie plusieurs milliers de kilomètres) pour gagner le théâtre d'opérations ou pour attaquer en surface. Les moteurs électriques ne sont utilisés qu'en plongée, quelques minutes avant le torpillage d'un navire ennemi, ou pour se soustraire aux attaques de ce dernier. Si les diesels sont généralement très robustes - qualité allemande oblige - les moteurs électriques imposent en revanche la présence d'une quantité impressionnante de batteries à la fiabilité parfois aléatoire (surtout après de longues semaines de mer) et aux performances limitées (moins de 8 noeuds et une autonomie de quelques dizaines d'heures seulement).
Ayant rallié Lorient (Morbihan) début janvier 1942, l'U-156 a appareillé le 19 pour la Mer des Caraïbes.
Un mois plus tôt, le 11 décembre 1941, l'Allemagne a déclaré la guerre aux États-unis, et les côtes américaines sont devenues pour les sous-mariniers allemands des cibles d’autant plus tentantes que les lumières de New-York ou de Miami leur permettent de s’orienter à leur aise : malgré la guerre, les États-Unis ne connaissent pas le black-out.
Le dimanche 17 février au matin, après avoir coulé deux pétroliers, l'U-156 se trouve au large de l'île d'Aruba (Antilles Néerlandaises) dont il se propose d'attaquer, au canon, les réservoirs à mazout.
Possession hollandaise, l'île d'Aruba comporte en effet d'importantes raffineries pour le pétrole brut importé du Venezuela. Après décembre 1941, le gouvernement hollandais en exil à Londres a autorisé les Américains à y débarquer des troupes.
Ayant fait surface, les marins de l’U-156 se précipitent vers la pièce de 105mm. La cible est immanquable mais alors qu'il s'apprête à ouvrir le feu, comme à l'exercice, l'enseigne responsable de la manoeuvre aperçoit dans ses jumelles la procession des fidèles qui se dirigent vers l'église voisine...
Tirer dans ces conditions provoquerait à coup sûr une véritable boucherie. L'enseigne est jeune : il donne l'ordre de surseoir au tir, un joli geste dans une sale guerre...
Un geste qui va lui coûter cher.
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