... que savait exactement Zarah Leander des atrocités du régime nazi dont elle était devenue la diva et dont elle distrayait civils et militaires en ces années de guerre ?
Sans doute très peu de choses. Partageant son temps entre sa somptueuse villa de Grunewald, les plateaux de cinéma, les fêtes continuelles et de longs séjours en Suède auprès de ses enfants, la chanteuse et comédienne n'avait finalement que fort peu de contacts avec la réalité, a fortiori lorsqu'elle se vantait, comme tant d'autres à cette époque, de "ne jamais se mêler de politique".
De fait, son engagement au profit du régime nazi fut tout aussi mercantile que sa désertion, en avril 1943. Ce n'est certes pas pour protester contre le nazisme et le sort réservé aux juifs ou aux homosexuels que Zarah Leander se retira en pleine gloire pour regagner sa Suède natale : c'est tout bonnement la destruction de sa villa, le 03 mars 1943, le jour-même de la première de "Foyer perdu", qui la persuada qu'il était d'autant plus temps de changer d'air que Joseph Goebbels et la UFA se faisaient à présent tirer l'oreille pour la payer en couronnes suédoises, telles que stipulé dans son contrat.
Du reste, si la Presse allemande, qui l'avait adulée, se déchaîna alors contre elle et la qualifia "d'amie des Juifs", l'intendant du cinéma du Reich, Hans Hinkel, ramena cette désertion à une nouvelle affaire mercantile.
"Dans les salles de cinéma du Reich, écrivit-il à Joseph Goebbels, cinq cents copies tournent actuellement en reprises et permettront d'engranger au total trois millions et demi de Reichsmarks. On peut sans aucun doute se passer de cet argent, mais (...) il sera extraordinairement difficile de pourvoir cinq cents salles avec d'autres films"
Les films de Zarah restèrent donc autorisés, et ses chansons continuèrent d'être diffusées à la radio allemande jusqu'en janvier 1945.
Zarah avait quitté le navire à temps, bien avant qu'il ne sombre. Et cette fuite lui évita non seulement la ruine mais aussi de trop sérieuses accusations, orsque la véritable nature du Troisième Reich, et en particulier de ses camps d'extermination, parvint aux oreilles du public
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