.. lorsque le tournage de Tiefland avait repris, en 1940, il s'était avéré difficile d'acheminer, en pleine guerre, le nombre de figurants espagnols requis par Leni. Et si, pour la "couleur locale", on avait pu reconstituer à grands frais le village de Roccabruna, on jugea néanmoins plus expéditif, et infiniment moins coûteux, de recruter les figurants parmi les centaines de Tsiganes emprisonnés au camp de Maxglan, près de Salzbourg.
S'ils furent raisonnablement logés et nourris, ces figurants forcés n'eurent évidemment pas droit à la moindre paye,... et furent envoyés à Auschwitz dès la fin du tournage.
La plupart n'en revinrent jamais.
Après guerre, Leni Riefenstahl ne cessa de clamer son innocence, de déclarer jusqu'à la fin de sa vie qu'elle ignorait tout de l'Holocauste et du sort qui attendait ses figurants tsiganes, et qu'elle avait été personnellement bouleversée par les photos des camps de concentration que les Américains, qui l'avaient arrêtée à Kitzbuhel en 1945, lui présentèrent alors.
Hélas, le rapport d'interrogatoire américain relève plutôt que "Mlle Riefenstahl est surtout inquiète pour son film Tiefland".
"Je ne voulais certainement pas me retrouver sous l'influence d'Hitler. J'ai seulement été étonnée de voir comment il parvenait à éliminer le chômage, comment il obtenait de telles réussites. Que des millions de personnes, des Juifs aient été tués, je ne pouvais pas le savoir (...) J'avais entendu parler de Dachau et de Theresienstadt. Pour tous les autres camps, je n'ai été au courant qu'après la guerre", déclara Leni.
"Nous étions dans un camp de transit. Elle est arrivée avec la police et elle a choisi les gens", répliqua Rosa Winter, une des rares figurantes de Tiefland à avoir survécu à Auschwitz...
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