... lorsque Hitler entra triomphalement à Paris Leni Riefenstahl, ivre de bonheur, lui écrivit :
"Avec une joie indescriptible, profondément émus et emplis d'une brûlante gratitude, nous vivons avec vous, mon Führer, votre plus grande victoire et la plus grande victoire de l'Allemagne (...) Plus que tout ce que pourrait concevoir l'imagination humaine, vous accomplissez des actes sans pareils dans l'Histoire de l'Humanité (...) Vous adresser tous nos voeux de réussite est beaucoup trop peu pour vous faire comprendre les sentiments qui m'animent"
Après guerre, ce télégramme fut naturellement versé au dossier de dénazification de Leni Riefenstahl, mais l'actrice et cinéaste eut beau jeu de démontrer qu'à l'époque, des millions d'Allemands avaient exprimé, sinon écrit, les mêmes sentiments envers Hitler.
Du reste, la troisième et dernière procédure de dénazification entamée contre elle (les deux précédentes s'étant terminées par des non-lieux) la classa simplement comme "suiviste", soit le niveau le plus bas sur l'échelle de l'infamie.
Par la suite, Leni ne cessa de poursuivre en Justice tous ceux et celles qui brandissaient son passé nazi, ou qui réfutaient ses "souvenirs" à la lumière des témoignages et documents historiques.
Mais si Leni gagna la plupart de ses procès, sa carrière en tant que réalisatrice était terminée, et lui fallut attendre 1962, et un voyage au Soudan, pour retrouver la célébrité en tant que photographe, avec son reportage sur les Noubas, qu'elle mit en scène et en valeur comme elle l'avait déjà fait pour les "Dieux du Stade" des Jeux Olympiques de Berlin, en 1936.
Personnage aussi adulé que détesté, Leni Riefenstahl mourut dans son sommeil, le 8 septembre 2003, à l'âge de 101 ans.
A celle qui déclara "L'art le plus pur, et la plupart des artistes se sont efforcés de l'atteindre, est dépourvu de responsabilités", le grand photographe Helmut Newton dédia ces mots : "En tant qu'artiste, je l'admire, c'est la photographe et la cinéaste la plus révolutionnaire de son temps. Même si ses sujets nazis étaient immondes"...
Aucun commentaire:
Publier un commentaire