... condamnée en 1919 à payer de lourdes réparations à ses vainqueurs qui ne l'avaient pas réellement vaincue, l'Allemagne était bien en peine de s'acquitter de sa dette.
Déjà, en 1923, Belges et Français avaient envahi et occupé militairement le bassin industriel de la Rühr pour obtenir paiement. Cette action avait, comme on s'en doute, entretenu le ressentiment des citoyens allemands, et contribué lourdement à la popularité des divers groupuscules d'extrême-droite qui, à l'image du parti nazi, ne rêvaient plus que de revanche et de restauration de la puissance allemande.
En 1924, un banquier américain, Charles G. Dawes, avait été chargé par les Alliés de rééchelonner les paiements de la dette allemande. Pendant les cinq années suivantes, l'Allemagne put enfin, quoique à grand-peine, rembourser les sommes auxquelles elle avait été condamnée.
Mais en 1929, elle se trouvait à nouveau au bord de la cessation de paiement.
Une nouvelle fois, le Comité allié pour les réparations de guerre se tourna vers les États-Unis, et vers un autre banquier américain, que le magazine Time consacra "Homme de l'Année 1929"
Comme son prédécesseur, Owen D. Young se prononça en faveur d'un énième rééchelonnement des paiements allemands (cette fois jusqu'en... 1988), mais aussi pour la suppression des trois-quarts de la dette.
Malgré tout, il y en avait encore pour... 26 milliards de dollars, à payer en 59 ans (!)
Le gouvernement allemand soumit ce plan à un référendum,... que tous les partis de droite combattirent avec énergie, recueillant pour la première fois près de 14% des suffrages.
La machine électorale nazie était lancée, et plus rien cette fois ne viendrait l'arrêter.
Adopté contre l'avis d'une forte minorité d'Allemands, le plan Young eut à peine le temps d'entrer en service : la crise économique mondiale contraignit en effet l'Allemagne à réclamer - et obtenir - un moratoire dès 1931.
Deux ans plus tard, sitôt parvenu au Pouvoir, Adolf Hitler dénonça le plan Young et refusa de continuer à payer, découvrant alors, à sa grande surprise, que les puissances alliées, loin de prendre le mors aux dents, jouaient au contraire la carte de la conciliation et de l'apaisement (!)
Le déculottage des démocraties européennes venait de commencer...
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