... si les partisans d'Hitler se laissèrent abuser par ce petit caporal autrichien, que dire alors de ses adversaires, qui durant toutes les années de son ascension le tinrent pour quantité négligeable et ne cessèrent de multiplier les erreurs alors que lui-même, avec un flair finalement formidable, multipliait les coups de poker vainqueurs ?
Le Traité de Versailles de 1919 avait été une erreur, qui tenait l'Allemagne invaincue pour seule responsable de la guerre et, partant, pour la seule à devoir payer la note des indemnisations. Une note qu'elle était bien incapable d'honorer
L'occupation de la Rühr par plusieurs divisions belges et françaises, en janvier 1923, fut une faute. Désespérant de jamais percevoir les sommes auxquelles l'Allemagne avait été condamnée, Belges et Français décidèrent "de se payer sur la bête", en occupant la Rühr et son bassin industriel.
"Chaque remise en question du désarmement suscitait un ultimatum des Alliés, qui parlaient d'occuper le pays. Mais quand le gouvernement respectait les conditions qui lui étaient imposées par le traité de paix, c'est lui que la surenchère politique intérieure menaçait. (...) En occupant la Ruhr pour faire payer l'Allemagne qui rechignait, la France suscita des manifestations monstres contre "les espions" qui profitaient du contrôle pour assujettir le pays".
C'est sur ce terreau ô combien fertile des rancoeurs et frustrations de tout un peuple qu'Hitler et les nationalistes semèrent leurs premières graines : quinze jours à peine après l'invasion belgo-française de la Rühr, le parti nazi tint son premier congrès.
Des rumeurs de coup d'État paramilitaire contre la faible démocratie de Weimar, reconnue incapable de s'opposer au diktat des Alliés, se mirent à circuler.
Le 8 novembre 1923, ce fut le putsch : à Munich, Hitler proclama la révolution nationale. L'armée, restée fidèle à la démocratie, ouvrit le feu sur les insurgés, tuant une vingtaine de personnes.
Hitler fut arrêté et, le 1er avril 1924, condamné à cinq ans de réclusion pour complot contre la Sûreté de l'État. Il fut enfermé à la prison de Landsberg. Il y trouva lettres de réconfort et visites de ses supporters.
Il y trouva surtout l'occasion de ruminer sur les causes de son échec, et celle de commencer à écrire Mein Kampf...
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