... lorsque l'opinion publique internationale commença à réaliser la tournure quasi industrielle qu'avaient pris les viols à Nankin, les autorités japonaises, plutôt que de punir les auteurs, préférèrent... organiser elles-mêmes le recrutement de plusieurs dizaines de milliers de jeunes-femmes, destinées à finir leurs jours dans les bordels militaires.
"Par peur des critiques, le Commandement expéditionnaire japonais en Chine rédigea un ordre instituant les "maisons de confort" en Chine", souligna l'historien Yoshimi Yoshiaki.
Dans les mois et années qui suivirent, de 80 000 à 200 000 jeunes coréennes, philippines, taiwanaises ou chinoises furent ainsi recrutées par l'armée japonaise, qui parfois leur promettait de l'argent mais qui, le plus souvent, se contentait de les acheter à leurs familles ou de les kidnapper.
Dans l'esprit de l'État-major nippon, il ne s'agissait nullement d'un geste humanitaire, mais plutôt d'une stratégie visant non seulement à apaiser les critiques internationales, mais aussi à récompenser les soldats méritants, et à minimiser la propagation des maladies vénériennes au sein de l'armée.
Après guerre, et pendant des décennies, le gouvernement japonais nia toute responsabilité dans cette affaire, arguant que ces jeunes-femmes, le plus souvent recrutées contre leur gré, l'avaient été par des entrepreneurs privés, et non par le gouvernement, et que c'était ces entrepreneurs, et non le gouvernement, qui avaient assuré la gestion d'établissements ressemblant bien davantage à un abattoir qu'à un bordel, fut-il militaire.
Mais en 1991, Yoshimi Yoshiaki exhuma un document accablant, "Du recrutement des femmes pour les bordels militaires", des archives du Ministère japonais de la Défense.
Ce document portait les sceaux personnels de plusieurs chefs du Haut-Commandement japonais, et ordonnait la construction immédiate de maisons de confort pour la troupe, afin de stopper l'épidémie de viols qu'elle était occupée à commettre en Chine occupée...
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