jeudi 4 mars 2004

361 - le mépris

... pour tuer plusieurs dizaines de milliers de prisonniers de guerre sans susciter de rébellion, le général Nakajima avait élaboré une tactique aussi simple qu'efficace : forcer les soldats chinois à se rendre en masse moyennant la promesse d'un traitement équitable; les diviser en petits groupes de cent à deux cents prisonniers au maximum; procéder discrètement à leur exécution, dans une multitude d'endroits différents.

De fait, la résistance des prisonniers chinois à leur exécution fut particulièrement sporadique, ce qui ne manquait pas d'étonner les soldats japonais, déjà stupéfaits de les avoir vus se rendre par bataillons entiers.

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, la reddition massive et presque sans résistance des soldats chinois n'avaient nullement apaisé l'animosité des Japonais à leur égard.

"Compte tenu de leur nombre - plus de deux bataillons - je me demandais comment ils avaient pu se laisser capturer sans la moindre résistance", écrivit ainsi le soldat Azuma Shiro (...) "Même avec nos deux compagnies, et sachant que ces 7 000 prisonniers avaient été désarmés, nos troupes auraient pu être anéanties s'ils avaient décidé de se révolter"

Cette extrême passivité, à cent lieux du code japonais du Bushido, qui considérait la reddition comme un déshonneur, ne fit que renforcer les Japonais dans leur sentiment de supériorité raciale et, par voie de conséquence, contribua à déshumaniser leurs prisonniers, facilitant d'autant leur extermination.

"Ils marchaient tous en files, comme des fourmis rampant sur le sol. Ils ressemblaient à des vagabonds, avec une expression stupide sur leur visage. Un troupeau de moutons ignorants, marchant sans but ni règle dans l'obscurité (...) On avait peine à les considérer comme les ennemis qui, hier encore, nous tiraient dessus et nous dérangeaient. Il était impossible de croire qu'ils étaient des soldats ennemis. Je me sentais stupide d'avoir pensé que nous luttions jusqu'à la mort avec ces esclaves ignorants. Et certains d'entre eux n'avaient que douze ou treize ans"

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