mardi 16 septembre 2003
190 - avant qu'il ne soit trop tard
... devant l'incapacité chronique des industries françaises à honorer les commandes, le gouvernement commanda, en 1938, des milliers d'hélices et des centaines d'avions aux États-Unis.
785 avions furent ainsi commandés entre 1938 et septembre 1939, et... 3 641 entre septembre 1939 et juin 1940.
Bien entendu, un bon nombre de ces appareils n'eurent jamais le temps d'arriver en unités. Certains, pourtant flambants neufs, étaient même dépourvus, faute de pièces, de tout ou partie de leur armement (les Vought 156 n'emportaient par exemple qu'une mitrailleuse d'aile au lieu de deux), ou n'étaient tout simplement pas "bons de guerre" (nombre d'Amiot 350 de bombardement n'avaient même pas de viseur !).
Quant aux naviguants, il fallait évidemment les former au matériel moderne. Or, en octobre 1939, la dotation en hommes de certaines unités de l'Armée de l'Air n'atteignait pas 22%. En décembre 1939, il manquait un bon 30% de pilotes de chasse, 50% des opérateurs radio et 25% de mécaniciens.
Le 10 mai 1940, sur un effectif théorique de 4 807 avions de combat, mais en soustrayant les avions démodés, indisponibles, ou sans pilote pour les mener au combat, l'Armée de l'Air n'en alignait en réalité que... 1 013.
Même en y ajoutant la part britannique, le rapport de forces était d'environ deux contre un en faveur des Allemands, et cinq contre deux si on excluait les avions français totalement dépassés comme l'antédiluvien Amiot 143
A lui seul, cet Amiot 143 illustre toutes les carences de l'armée française en 1940, et explique en grande partie sa débâcle.
Répondant à un programme de 1928, ce bimoteur de bombardement ne fut mis en service, faute de crédits, qu'en... 1934 (!). Et comme il fallut des années pour commander, concevoir, réaliser puis livrer un successeur plus moderne, l'antédiluvien Amiot constituait encore, en mai 1940, le fer de lance du bombardement français, mais un fer de lance à ce point émoussé et vulnérable qu'on n'osait plus l'utiliser que de nuit.
Le plus extraordinaire en cette affaire est qu'il se soit malgré tout trouvé de pauvres bougres pour oser monter à leur bord, et s'en aller, en plein pour et à moins de 200 kms/h, vers une mort certaine, le 14 mai 1940...
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