vendredi 1 août 2025

8974 - ne pas mourir en vain

11 avril 1945 : un kamikaze se précipite vers le cuirassé Missouri.. qui ne sera qu'à peine égratigné
... Kanoya, 06 avril 1945, 13h30.

A 13h30, sous les Banzaï de l'assistance, et après un ultime saké, les premiers kamikazes décollent maladroitement vers Okinawa.

Depuis des jours, et encore au moment du départ, on leur a répété de se concentrer uniquement sur les porte-avions, seuls navires véritablement vitaux pour l'effort de guerre américain.

Mais en pratique, du haut des airs, et dans le feu de l'action, ces adolescents inexpérimentés ont bien du mal à distinguer un porte-avions d'un simple cargo et, parce qu'ils craignent non pas de mourir mais bien de mourir en vain, c-à-d d'être abattus avant d'avoir pu remplir leur mission, ils ont la fâcheuse tendance de se précipiter sur le premier navire qu'ils aperçoivent,... lequel n'est souvent qu'un destroyer ou un encore plus modeste dragueur de mines !

L'un dans l'autre, cette première attaque massive des kamikazes - qui est aussi la plus importante de la guerre - est donc bien loin de provoquer les dégâts espérés, puisque seuls trois destroyers, deux cargos et un petit navire de débarquement sont touchés, un résultat pitoyable en regard de la formidable armada américaine, mais aussi des pertes subies par les Japonais eux-mêmes, puisqu'en plus de la quasi-totalité des 230 avions kamikazes engagés (1), ces derniers déplorent également la disparition des deux-tiers des quelque 170 chasseurs d'escorte et bombardiers conventionnels qui ont décollé avec eux !

Pour autant, le soir-même, Radio-Tokyo parle d'une "grande victoire", et même d’une victoire "dont l'ennemi ne pourra jamais se relever" (sic) puisque ayant perdu dans l'aventure pas moins de "deux cuirassés, trois croiseurs et cinquante-sept plus petits bâtiments", et vu "soixante-et-un autres bâtiments, dont cinq porte-avions, gravement endommagés" !

(1) ne parvenant pas à trouver le moindre objectif, quelques kamikazes ont préféré faire demi-tour et revenir se poser à leur base mais d'autres se sont, inutilement, abîmés en mer 

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