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Kuantan : un drame aussi prévisible qu'évitable... |
Parce que déjà décrite quasiment minute par minute dans ce blogue (1), le lecteur nous pardonnera à présent de n’évoquer que brièvement ce Drame de Kuantan qui, dans la matinée du 10 décembre, et au large de Kuatan (Malaisie), voit donc les Prince of Wales et Repulse surpris en mer, et sans la moindre couverture aérienne, par des bimoteurs japonais partis de Saïgon et gréés tantôt en bombardiers, tantôt en avions-torpilleurs.
A 13h20, deux heures à peine après le début de l’attaque, la messe est dite, et les deux navires britanniques proprement envoyés par le fond en même temps que quelque 800 marins et officiers, dont le capitaine Leach, commandant du Prince of Wales, et l’amiral Phillips, chef de l'éphémère Force Z.
Dans cette affaire où ils n’ont eux-même perdu que trois appareils et un quatrième crashé à l’atterrissage, les Japonais ont toutes les raisons de pavoiser !
"Le troisième jour des hostilités s'est traduit par l'annihilation de la composante principale de l'escadre britannique d'Extrême-Orient", proclame ainsi, dès 15h35 (2), le communiqué officiel de l'État-major naval japonais.
Quelques minutes plus tard, à Londres, c’est un coup de téléphone d’une toute autre nature réveille brutalement Winston Churchill.
- "Je me dois de vous avertir", déclare prudemment Dudley Pound, "que le Prince of Wales et le Repulse ont été coulés, d'après nous par l'Aviation japonaise. Tom Phillips s'est noyé"
- "Est-ce vraiment sûr ?", demande Churchill
- "Cela ne fait aucun doute", répond Pound
"De toute la guerre", écrira Churchill, qui raccroche aussitôt, "je n'avais jamais reçu de choc plus direct ... Comme je me tournais et me retournais dans mon lit, toute l'horreur de cette nouvelle me submergea : il n'y avait plus de navires britanniques ou américains dans l'océan Indien ou le Pacifique (...) Dans toute cette vaste étendue d’eau, la suprématie du Japon était totale, et nous étions partout faibles et nus".
(1) Saviez-vous que… Le Drame de Kuantan
(2) 14h35, heure de Singapour, 07h35 heures de Londres
1 commentaire:
Bravo pour ce blog. Dans la série que vous aviez publiée sur la bataille de Kuantan et la chute de Singapour, il y avait un dessin satirique génial de l'inégalable caricaturiste britannique David Low : On y voyait un militaire de haut grade (étiqueté "Notre Etat Major") en visite chez son Opticien (qui lui était étiqueté "historien") . Le tableau du test d'acuité visuelle portait écrit (à la place des traditionnelles lettres Z et U ) la devise AIR POWER IS THE KEY (la clé, c'est la supériorité aérienne) en lettres de plus en plus grosses en allant (de bas en haut) de Norvège et France, jusqu'à Pacifique en passant par Crète et quelques autres. Le docte opticien -historien à barbe blanche commentait d'un air sentencieux" J'ai bien peur que , si vous ne pouvez pas lire même les lignes du haut votre cas soit incurable".
Low était incroyablement mordant et fut parfois censuré, même dans la libérale Angleterre, mais, sur ce coup là; il tapait pile sur le clou et les oreilles de Churchill ont du siffler.
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