jeudi 16 janvier 2025

8167 - la rigueur germanique

Le 14 pouces Winnie, près de Douvres, en mars 1941

… bien qu’ayant sérieusement envisagé la possibilité de voir les Allemands se ruer à travers La Manche, les Britanniques sont donc loin d’avoir mis en place toutes les mesures nécessaires pour y faire face,… mais le paradoxe veut que les Allemands, bien que convaincus de voir leur ruée se solder au bout du compte par un désastre, aient pour leur part sérieusement planifié celle-ci !

Très vite, ces derniers ont en effet subordonné le déclenchement de l’Unternehmen Zerberus à deux conditions préalables : une nuit sans lune, et une journée de forte marée.

La première permettra de dissimuler leurs bâtiments le plus longtemps possible aux regards ennemis, tandis que la seconde offrira à ceux-ci la possibilité de progresser à grande vitesse dans des eaux étroites et normalement peu profondes, tout en les aidant de surcroît à se protéger des mines.

Le 11 février 1942 remplissant ces deux conditions, va donc pour le 11 février, mais ceci dit, à quelle heure convient-il d’appareiller ? 

Sur ce point, deux conceptions s’affrontent : de Brest à Douvres, unanimement considéré comme l’endroit le plus risqué du trajet, on en a en effet pour plus de douze heures de navigation en serrant la côte française au plus près.

En levant l’ancre en début d’après-midi, on se retrouverait alors devant Douvres dans la nuit noire, ce qui,  tactiquement, est sans conteste le choix le plus logique,… et un choix que privilégient par ailleurs les Britanniques, qui savent fort bien qu’il leur sera difficile, dans ces conditions, de repérer les navires allemands pour les torpiller, et plus encore de simplement faire décoller leurs bombardiers.

Ce n’est toutefois pas le choix des Allemands…

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Bonjour! Bravo pour ce blog... Les conditions de Marée de vives -eaux, de durée du jour favorables à la ruée sur la Manche, les chenaux et les contre-courants au ras de tels bancs de sable ....etc devaient être encore mieux connues par les marins anglais que par les Allemands.
Il suffit de lire le bouquin d' Adlard Coles (qui traite des courses à la voile par gros temps) et ses ruses pour franchir le raz de Portland contre vent et courant de marée en rasant la côte dans le contre-courant (course du Fastnet), un sport dangereux, dans lequel les yachtmen anglais excellent, ou encore "l'énigme des sables" un classique du livre d'espionnage d'avant 1914 écrit par Erskine Childers (qui fit de la contrebande d'armes pour les Irlandais républicains avec son voilier) pour se poser la question ; Les anglais ont ils été réellement pris à contrepied, ou avaient-ils fait un plan "fuller" au rabais en se disant que si les navires allemands rentraient se planquer en Allemagne ou en Norvège (pays alors pauvre et dont les chantiers navals ne pouvaient accueillir que des chalutiers ou des caboteurs ) ce serait aussi bien pour eux.

Les yachtmen anglais avaient coutume de blaguer méchamment les officiers de la Navy :
(Les trois choses les plus inutiles qu'on puisse embarquer sur un petit voilier de course sont: Une tondeuse à gazon, une soupière en porcelaine et..un officier de la Royal Navy)...mais quand même !

Anonyme a dit...

Petite remarque : Nuit sans lune et forte marée, c'est presque la même chose ; Les lois incontournables de la mécanique céleste font que les marées de vives eaux sont couplées avec le cycle lunaire et ont lieu soit aux nuits de pleine lune , soit à celles de nouvelle lune. Elles ont plus de force au moment des équinoxes (21 Septembre et 21 Mars)