Civils britanniques, dans les ruines d'une bibliothèque, Londres, 1940. Le flegme britannique... |
Mais même dans les démocraties, comme l’exemple britannique l’avait d’ailleurs démontré, les civils, à condition d’être convaincus par l’État de la justesse et de l’utilité de leurs efforts et sacrifices, pouvaient également encaisser d’intenses bombardements et destructions sans pour autant se révolter et prendre très vite d’assaut le Parlement et le Conseil des Ministres.
Au baisser du rideau, les théories défendues par Douhet, Mitchell, Trenchard et tant d’autres gisent donc elles aussi au milieu des gravats d’un nombre incalculable de villes réduites à néant : jamais les bombes larguées sans retenue sur Cologne, Berlin, Hambourg, Tokyo, Yokohama, mais aussi Londres, Coventry ou encore Leningrad ne sont en effet parvenues à mettre un terme à la guerre, Hiroshima et Nagasaki constituant en définitive bien davantage le prétexte idéal que la seule et véritable cause de la Capitulation japonaise.
Mais en revanche, ajoutés à l’indispensable Invasion et à l’Occupation du territoire allemand et japonais par les troupes alliées, les dits bombardements ont créé une telle quantité de destructions, et un tel état d'épuisement général, qu'ils ont bel et bien réussi à convaincre les populations vaincues de la réalité de leur défaite,... et aussi de la folie de chercher à en tirer revanche.
Car contrairement à ce qui s’était passé en Allemagne au lendemain de l’Armistice du 11 novembre 1918, le message ne se prête cette fois à aucune interprétation, et est de fait parfaitement compris des vaincus, qui savent leur armée battue, et n'ont d'autre choix que de contempler quotidiennement leurs villes détruites et leur pays tout entier soumis à l’Occupation et au bon vouloir de ses vainqueurs.
Contre toute attente, la destruction systématique des villes allemandes et japonaises n'a donc pas hâté la fin de la guerre : elle a simplement évité qu’elle ne recommence à peine une génération plus tard...
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