lundi 29 avril 2024

7905 - pourquoi ?

Ouvrières de Schweinfurt, s'affairant sur des roulements, ici en 1928
... c’est un des plus grands mystères de la 2ème G.M. : pourquoi les Alliés, qui connaissent pourtant l’importance vitale des roulements à billes pour le Reich, et qui, à Casablanca, ont d’ailleurs mis la destruction des usines qui les fabriquent en tête de liste des priorités, pourquoi les Alliés ne repassent-ils pas immédiatement à l’attaque de Schweinfurt et des deux ou trois seuls autres sites qui en produisent ?

Passe encore pour les Américains qui, non contents d’être relativement peu nombreux sur le terrain, et d'avoir de surcroît vu leurs effectifs décimés le 01 août sur Ploeisti, puis à nouveau le 17 sur Regensburg et Schweinfurt, ont, à l’évidence, besoin de plusieurs semaines pour se remettre.

Mais pourquoi les Britanniques ne font-ils rien ? Pourquoi n’envoient-ils pas leurs propres appareils bombarder Schweinfurt de nuit ? Pourquoi Harris qui, après Casablanca, a pourtant lui aussi reçu instruction de s’en prendre aux usines de roulements à billes, s’entête-t-il à "saper le moral du peuple allemand" plutôt qu’à détruire l’industrie de guerre allemande,... comme ne cesse d'ailleurs de lui rappeler sa propre hiérarchie !

"L’état-major de l’Air britannique fit pression sur Harris pour qu’il bombarde Schweinfurt jusqu’à la fin de 1943, et continua à le faire des mois après le raid. "Il est essentiel", écrivit Norman Bottomley, chef d’état-major adjoint de l’Air, à Harris, "que la tentative de parvenir (...) à la destruction maximale des principales zones habitées d’Allemagne ne vienne pas compromettre la mise en œuvre de la politique anglo-américaine commune consistant à employer la force de bombardement de nuit chaque fois que possible pour la destruction de centres vitaux associés à des industries vitales, comme, par exemple, les usines d'assemblage de roulements à billes et de chasseurs; ces industries se sont vu accorder la plus haute priorité dans le plan d’offensive combinée des bombardiers".

(...) "Vos forces de bombardiers de nuit apporteraient la plus grande contribution en détruisant complètement les centres vitaux qui ne pourraient être atteints de jour qu’à un coût élevé ; les exemples sont Schweinfurt, Leipzig et les centres de l’industrie des chasseurs bimoteurs"

S’appuyant sur un rapport des services de renseignement, Bottomley poursuivit : "Alors que le peuple allemand craint les attaques nocturnes, Hitler et le haut commandement allemand craignent les attaques de précision de jour contre des usines individuelles. Hitler se vante ouvertement de pouvoir, grâce aux organisations de son parti, contrôler le moral de la population pendant un temps considérable" (...)  "L’état-major de l'Air", ajouta Bottomley, doit avoir une vision un peu moins confiante que [vous] de la possibilité de faire capituler l’ennemi grâce aux seuls bombardements de zone…" (1)

(1) Randall, op cit, page 171

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