dimanche 28 avril 2024

7904 - Chaque jour, Speer écoutait les bombardiers...

B-17 abattu et exhibé à la population allemande. Les Anglais faisaient la même chose de leur côté
... après des mois de bombardements sur la "Vallée Heureuse", après la destruction des barrages de la Möhne et de l’Eder, après le cataclysme de Hambourg, ces trois nouveaux raids massifs menés en moins de 24 heures, et en trois endroits différents du Reich sont en tout cas la goutte de trop pour Hans Jeschonnek, chef d’État-major de la Luftwaffe, qui, mis sous pression depuis des mois par Goering, se suicide quelques heures plus tard.

Pour Günther Korten (1), aussitôt désigné comme remplaçant, cette promotion inattendue a tout du cadeau empoisonné, mais l’intéressé va néanmoins faire tout ce qu’il peut pour augmenter la production de monomoteurs de chasse - sérieusement amputée, rappelons-le, après le raid américain sur Regensburg - et pour en rapatrier autant qu’il peut depuis le Front de l’Est, avec pour résultat que le nombre d’avions de ce type présents à l’Ouest, qui était déjà passé de 635 en janvier à 800 en juillet, va atteindre 975 appareils en octobre... c-à-d au moment où la 8ème Air Force va elle-même repartir à l’attaque des usines de roulements à billes de Schweinfurt !

Car malgré leurs pertes du 17 août, les Américains, Eaker en tête, n’ont pas renoncé à l’idée de raser complètement Schweinfurt et de mettre un terme définitif à la fabrication des dits roulements, ce qui, nous l’avons vu, est d’ailleurs la crainte et la hantise d’Albert Speer !

"Speer s’était mis immédiatement mis au travail pour relever Schweinfurt. Il avait brièvement réfléchi à la possibilité de déménager les usines, mais ceci aurait retardé leur production de trois à quatre mois. Au lieu de cela, il ordonna à ses équipes de réparer Schweinfurt du mieux possible et commença à puiser dans les réserves.

En huit semaines, les dites réserves avaient disparu. Les quelques roulements à billes produits étaient transportés chaque nuit, souvent dans de simples sacs, depuis ce qui restait des usines de Schweinfurt jusqu’aux chaînes de montage. Chaque jour, Speer écoutait les bombardiers et s'inquiétait pour Berlin-Erkner, Cannstatt et Steyr : "À cette époque, nous nous demandions anxieusement combien de temps il faudrait à l’ennemi pour se compte qu’il pourrait paralyser la production de milliers d’usines d’armement simplement en détruisant cinq ou six cibles relativement petites"" (2)

(1) grièvement blessé lors de l’attentat du 20 juillet 1944 contre Hitler, Günther Korten décèdera de ses blessures deux jours plus tard
(2) Randall, op cit, pp 172-173

Aucun commentaire: