lundi 4 mars 2024

7949 - "Nos avions ne sont pas équipés pour les bombardements de nuit; nos équipages ne sont pas formés pour cela"

... Casablanca, 15 janvier 1943

Alors qu’à Stalingrad, la VIème Armée allemande vit ses derniers instants, Churchill et Roosevelt - Staline, bien qu’invité, ayant refusé de se déplacer - se sont donnés rendez-vous à Casablanca (Maroc) afin de discuter de la suite de la guerre en Europe.

De cette Conférence de Casablanca, l’Histoire a évidemment retenu la tentative - avortée - de réconcilier la prima donna de la France libre, Charles de Gaulle, défendu par Churchill, avec son rival Henri Giraud, quant à lui plébiscité par Roosevelt, et surtout, la proclamation solennelle de n’accepter rien moins que la "Capitulation sans condition"  des trois puissances de l’Axe, en pratique réduites à l’Allemagne nazie et à l’Empire du Japon.

Mais dans les coulisses, un accord bien plus essentiel pour notre chronique s’est également conclu entre Américains et Britanniques...

... le partage du Ciel allemand

Dans la soirée du 15 janvier, Henry Arnold, chef suprême des forces aériennes américaines, a en effet fait part de ses préoccupations à Ira Eaker, commandant de la 8ème Air Force américaine.

"Le Président", lui a-t-il dit, "subit la pression du Premier ministre pour qu'il renonce aux bombardements de jour et engage toutes nos forces de bombardiers présentes en Angleterre dans des opérations de nuit avec - et de préférence sous le contrôle - de la Royal Air Force".

"Eaker explosa. "Général, c'est absurde (...) Nos avions ne sont pas équipés pour les bombardements de nuit; nos équipages ne sont pas formés pour cela. Nous perdrons plus d’avions en atterrissant dans l’obscurité sur cette île enveloppée de brouillard que nous n’en perdons actuellement sur des cibles allemandes. Si nos dirigeants sont à ce point stupides, ne comptez plus sur moi. Je ne veux pas participer à de telles absurdités !"

Et Arnold de répondre, "Je sais tout cela aussi bien que vous. En fait, j'espérais que vous réagiriez de cette façon. La seule chance que nous ayons d’obtenir que cette décision désastreuse soit annulée est de convaincre Churchill lui-même de son erreur. Je l'ai entendu dire beaucoup de bien de vous. Je vais essayer de vous obtenir un rendez-vous avec lui" (1)

(1) Hansen, op cit, page 114

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