vendredi 22 mars 2024

7867 - "au moins 10 000 tonnes de bombes"

Sodome et Gomorrhe en feu, par Jacob Jacobsz de Wet, 1680
 ... "au moins 10 000 tonnes de bombes" !

Jamais personne n’avait seulement rêvé pareil chiffre !

Par comparaison, souvenons-nous, le Bombardement de Rotterdam par la Luftwaffe, le 14 mai 1940, n’a en effet que péniblement atteint les 100 tonnes, et celui de Coventry, en novembre de la même année, n’a porté la marque qu’à 450 tonnes !

Et même le premier Raid Millenium mené sur Cologne par le Bomber Command, le 30 mai 1942, c-à-d il y a un an à peine, ne représentait que 1 450 tonnes, ce qu’on a alors considéré comme un véritable exploit !

Il s’agit donc de multiplier quasiment par sept (!) tout ce qui a été réalisé jusque-là en matière de bombardement, une ambition qui, même en considérant le fait qu’elle se déroulera sur plusieurs jours et avec l’aide des Américains de la 8ème Air Force, défie véritablement l’imagination mais prouve une fois encore la détermination des Britanniques et aussi le caractère implacable, pour ne pas dire carrément inhumain d’Arthur Harris qui, contre vents et marées, et malgré l’absence de résultat de tous les raids antérieurs sur l’effort de guerre allemand, et sur la volonté allemande de poursuivre la guerre, demeure résolument convaincu, comme il l'a d'ailleurs souligné dans sa directive du 27 mai, que  "l’effet sur le moral allemand se ressentira dans tout le pays" et "jouera un rôle très important dans l'écourtement de la guerre et, par conséquent, dans la victoire" !

Douhet avait dit exactement la même chose dans les années 1920, mais rien jusqu’ici n’a encore démontré la justesse de sa théorie.

Hambourg y arrivera-t-elle ?

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour!
Sur l'aspect du moral des populations...la réaction est double , voir schizophrène: Terreur panique d'un côté, volonté de résister et colère de l'autre.

La propagande britannique avait monté en épingle le calme des londoniens sous le Blitz, les commerçants à l'humpor so british qui ouvraient leurs commerces aux vitrines brisées en remplaçant la pancarte "OPEN AS USUAL" (ouvert comme d'habitude) Par "OPENER THAN USUAL" (encore plus ouvert que d'habitude).

En réalité Londres avait été évacué partiellement (en particulier par les enfants, mis en pension à la campagne pour les riches, parfois expédiés en Australie pour les orphelins pauvres...

Côté allemand, le journaliste américain Howard K Smith (présent à Berlin jusqu'aux ultimes jours avant la déclaration de guerre avec les USA, dont il a tiré le livre "Last train from Berlin", inédit en France mais très intéressant) décrit la même chose, des scènes de panique, des plaisanteries voilées concernant les rodomontades de Goering -alias Herr Meyer- et des réactions de colère...corroborées par des scènes de lynchage envers les aviateurs de la RAF tombés en parachute et traités de Luft gangsters (gangsters des airs) par les civils allemands passant sur eux leur colère.

HK Smith décrit aussi le bourrage de crane et la propagande - coercition des SS et de la Police pour faire la chasse aux "défaitistes"...et encore, il était passé en Suisse et n'a pas connu les pires bombardements , avec les raids massifs consécutifs à la montée en puissance des flottes de quadrimoteurs Lancaster...