dimanche 4 février 2024

7820 - Freya, Würzburg, Windows, H2S, Naxos et autres merveilles...

Lancaster en vol. La bosse sous le fuselage est celle du radar H2S
... mais la campagne qui s’amorce va également donner le coup d’envoi de ce qu’on appellera bientôt la "guerre électronique"

Les premiers radars britanniques, quoi que fort primitifs, permettant déjà, comme nous l’avons vu, de repérer des formations de bombardiers à plus de 100 km, donnant ainsi à la chasse le temps de décoller et d’intervenir, les Allemands vont tout naturellement développer des radars analogues, comme les Freya ou les Würzburg , mais conserveront néanmoins toujours une longueur de retard sur leurs adversaires, et découvriront même, avec horreur, que les dits radars peuvent être "aveuglés" par le largage de bandelettes métalliques appelées windows, que des bombardiers-leurres vont larguer par milliers, donnant ainsi de faux échos vers lesquels se dirigeront les chasseurs allemands... permettant aux véritables bombardiers britanniques de remplir leur mission sans être inquiétés.

Et même en l’absence de brouillage, il sera toujours difficile, pour un chasseur de nuit, de repérer et d’attaquer une formation de bombardiers volant dans l’obscurité totale, ce pourquoi ces mêmes chasseurs vont eux-mêmes progressivement se voir dotés de radars de bord.

Le poids et l’encombrement de cet équipement, et l’ampleur de la tâche à accomplir pour le radariste, imposeront néanmoins de ne recourir qu’à des bimoteurs Messerschmitt 110 ou Junkers 88 modifiés en chasseurs de nuit, et ce en attendant l’arrivée d’appareils, comme le Heinkel 219 "Uhu", spécialement conçus pour cette tâche.

Mais si le radar de bord permettra effectivement de repérer le bombardier ennemi dans la nuit la plus noire, ses émissions finiront elles aussi... par être repérées par ce même bombardier, ainsi prévenu de l’arrivée du chasseur.

Et ce perpétuel jeu du chat et de la souris ne sera pas non plus à sens unique : si le radar aéroporté H2S, installé sous le ventre de certains bombardiers britanniques, pourra bientôt donner une vague image du sol, facilitant ainsi la navigation ainsi que le repérage des cibles, ses émissions pourront également être détectées par les chasseurs de nuit allemands dotés du système Naxos, qui leur permettra de les remonter jusqu'à la source,  et d'abattre le malheureux bombardier qui ne sera rendu compte de rien...

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour!
Concernant la guerre électronique , il me semble que celà mériterait au moins une série de 5 ou 6 posts, tant la matière est abondante...

L'épais bouquin de RV Jones (Most secret War - La guerre ultra secrète) est incontournable sur ce sujet.

Les allemands n'étaient pas si en retard que celà : Les anglais avaient d'ailleurs lancé un raid de paras sur le radar wurtzburg de Bruneval (sur le cap d'Antifer au nord du Havre) et réussi à capturer le radar, et même son opérateur, car ils voulaient avoir le coeur net sur la qualité des radars allemands...

A l'analyse, le radar allemand était plus précis et plus stable que le matériel anglais...mais l'opérateur, pourtant coopératif, était juste un technicien de très bas niveau, car comme RV Jones l'apprendra plus tard en interrogeant le Général Kammhuber, l'Etat Major allemand ne lui avait donné qu'une priorité basse dans le recrutement et il devait "faire avec" des fonds de caserne.

Les allemands étaient en retard sur l'utilisation du PPL (l'écran cathodique rond des radars classiques) , ainsi que sur les radars à haute fréquence (les anglais bénéficiaient d'une invention française , le Magnétron à cavité qui permettait d'atteindre les très hautes fréquences avec un faisceau puissant ).
Les paillettes d'alu sont un cas intéressant : Tous les scientifiques connaissaient cette possibilité de brouillage (les allemands l'appelaient Düppel, les anglais tinsel -le cliquant--la fenêtre ou window et les américains le chaff -ivraie-) ...mais tous s'abstenaient de l'utiliser de peur de donner des idées funestes à leur ennemi, les anglais ne l'utiliseront qu'à la fin de la guerre quand ils auront vraiment établi leur supériorité aérienne.