vendredi 12 janvier 2024

7797 - un certain Arthur Travers Harris

Arthur Harris : efficace chef de guerre ou... criminel de guerre ?
... 22 février 1942

Dans le monde merveilleux du sport professionnel, il est une coutume qui consiste à limoger systématiquement l’entraîneur dès que les performances de l’équipe ne donnent plus satisfaction, une pratique qui, aussi étrange cela puisse-t-il sembler, donne souvent de bons résultats.

La guerre aérienne n’a que peu à voir avec le football, mais le Bomber Command n’en constitue pas moins une équipe dont les performances - et c’est bien le moins qu’on puisse en dire ! - sont loin de donner satisfaction aux commanditaires.

En prenant la tête de cette équipe, le 22 février 1942, Arthur Travers Harris est en tout cas bien résolu à changer les choses et à la propulser au sommet de la Gloire...

... celle de l’Annihilation

Né en 1892, et devenu pilote du Royal Flying Corps en 1915, nous avons découvert Harris au début des années 1920, lorsque, simple lieutenant-colonel, il avait alors défendu l’emploi de bombes au gaz par ses pilotes afin de "pacifier" les tribus "barbares"  de Mésopotamie, en soulignant que "Les Arabes et les Kurdes savent maintenant ce que signifie un vrai bombardement ! En 45 minutes nous pouvons raser un village et tuer ou blesser un tiers de sa population" (sic)

La nomination d’un tel homme à la tête du Bomber Command, mais aussi la publication, au même moment, de l’Area Bombing Directive, préfigurent clairement la suite des choses.

Directement adressée au Bomber Command par le gouvernement Churchill, cette directive stipule en effet que "Il a été décidé que le principal objectif de votre opération serait désormais axé sur le moral de la population ennemie, notamment celui des ouvriers de l'industrie" (...) "Il est clair que les cibles doivent être les zones d'habitation et non, par exemple, des chantiers navals, ou les industries d'aviation. Cela doit être parfaitement clair." (1)

(1) Jorg Friedrich, op cit

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour!
Intéressant cette citation de Churchill : L'ennemi à abattre c'est avant tout l'ouvrier de l'industrie ennemie ...On peut faire deux lectures de celà:
Cibler les ouvriers de l'industrie c'est désorganiser la production...mais après tout si le bombardement détruit l'usine, ses machines outils ou sa logistique d'approvisionnement c'est tout aussi efficace.
Ou bien faut il y voir une éternelle obsession des conservateurs anglais, traumatisés par la grève générale et les "classes dangereuses" , invraisemblablement réactionnaires, soutenus par une presse qui ne l'est pas moins.

Vous avez parlé du bombardier Blenheim, il dérive de l'avion personnel de Lord Rothermere, le magnat de la presse de caniveau britannique, patriote et partisan du réarmement mais pas pour les raisons que l'on imagine, qui voyait le communisme comme le mal absolu et partisan déclaré de Mussolini, du fasciste britannique Oswald Mosley...mais aussi de Hitler jugé largement préférable à Staline.

Le journaliste vedette du Daily Mail George Ward Price (qui a été dépeint assez férocement par Albert Londres) était incroyablement complaisant avec Mussolini et Hitler, évitant de leur poser des questions gênantes dans ses interviews des années 30.

Dans cette directive de Churchill, n'y aurait il pas comme la réminiscence de ses actions antérieures de répression contre les mineurs gallois (des grèves réprimées à coups de fusil).?