mercredi 10 janvier 2024

7795 - le rapport Butt

L'Armstrong Withworth Whitley : un autre "crayon volant" aux performances médiocres
... 18 août 1941

Incapable, sans l’aide des Américains, et avant plusieurs années, de débarquer en Europe, la Grande-Bretagne n’a d’autre choix, si elle veut poursuivre la lutte, que de bombarder l’Allemagne du haut des airs et, si elle entend se garantir la fidélité de Staline, que de redoubler d’efforts en ce sens.

"The bomber will always get through","le bombardier passera toujours au-travers", avait déclaré Stanley Baldwin à la Chambre des Communes, en 1932,... sauf qu’en pratique - et c’est bien là le problème - le bombardier britannique ne "passe" que très rarement et, lorsqu’il y parvient malgré tout, n’est pas en mesure de représenter autre chose qu’une vague nuisance pour le Troisième Reich !

Encore moins nombreux que leurs homologues allemands, tout aussi vulnérables à la chasse ennemie, et ne disposant dans leur cas d’aucun appareil d’escorte, les bimoteurs britanniques ne peuvent en effet opérer que de nuit, sous peine de subir des pertes inacceptables.

Et si l’objectif qu’ils doivent frapper demeure officiellement "militaire", comment, dans l’obscurité, repérer l’installation portuaire, l’aérodrome, ou encore l’usine qu’on est supposé détruire et qui, même les nuits de pleine lune, est de surcroît fréquemment caché par les nuages ?

En pratique, donc, et malgré les revendications souvent dithyrambiques des équipages,  la quasi-totalité des bombes qu’ils parviennent tant bien que mal à lancer s’abattent à peu près n’importe où, et généralement fort loin des objectifs visés !

Le 18 août, la publication du "Butt Report" sur l'efficacité de ces bombardements provoque d’ailleurs la consternation au sein du gouvernement Churchill, puisqu'il apparait clairement qu'entre juin et juillet, "parmi les avions enregistrés comme attaquant leur cible, seul un sur trois s'en est approché à moins de 8,0 km. Sur les ports français, la proportion fut de deux sur trois; sur l'ensemble de l'Allemagne, la proportion fut de un sur quatre; sur la Ruhr, ce n'était qu'un sur dix. A la pleine lune, la proportion était de deux sur cinq; à la nouvelle lune, ce n'était qu'un sur quinze"...

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Le Whitley était au delà du médiocre : un process de fabrication assez antédiluvien (treillis métallique entoilé et même pas le très solide treillis géodétique du Wellington de Barnes Wallis hérité de la technique des dirigeables)...
(A cette époque les ricains étaient déjà passés au tout métal, suite à une directive de sécurité émise pour le transport civil...qui était aussi une mesure protectionniste pour évier d'importer des trimoteurs de transport civil Fokker)

Une aile ultra épaisse avec un calage très décalé de la ligne du fuselage qui le faisait voler sur le nez , la queue en l'air (et provoquait de la traînée, comme pour un navire qui n'est pas dans ses lignes d'eau) ...c'était mieux que les bombardiers français taillés comme des lignes maginot volantes...mais bon, c'était quand même un avion plutôt loupé, assez vite relégué au transport et au remorquage de cibles...