lundi 8 janvier 2024

7793 - trop beau pour être vrai...

Bien plus rustique que ses adversaires, les Yakovlev Yak-1 n'en était pas moins efficace
... en septembre 1939, la Luftwaffe avait réuni près de 2 400 appareils contre la Pologne, et même 5 600 contre la France, en mai 1940

Pourtant, en juin 1941, à la veille d’entrer en guerre contre l’URSS, cette même Luftwaffe n’en aligne qu’un peu plus de 4 000, alors qu’en termes de distances à parcourir, ou d’ennemis à affronter - l’URSS dispose de plus de 10 000 appareils, de valeur il est vrai assez inégale - il n'y a aucune commune mesure entre la Pologne ou la France et l'Union Soviétique !

Plus grave encore : loin d'être concentrée, l'offensive devra  au contraire s'étaler sur trois axes bien distincts, qui aboutiront au final à éparpiller moyens et effectifs sur un front de quelque 1 800 km (!)

Seul un effrayant sentiment de supériorité peut expliquer pareille sous-évaluation de l'ennemi : Hitler, mais aussi la quasi-totalité de l'État-major allemand, considèrent en effet l’Armée rouge comme une armée de pacotille, une armée sous-équipée, une armée privée de ses meilleurs éléments par les purges staliniennes du milieu des années 1930, et une armée finalement composée de sous-hommes slaves absolument incapables de rivaliser avec la toute-puissance de la Wehrmacht et des surhommes aryens.

"Ainsi, dans l'esprit des généraux allemands, une victoire rapide de la Wehrmacht sur l'armée rouge en une seule campagne ne faisait pas de doute (...) La version définitive du plan de l'OKH relatif à l'assaut contre la Russie bolchevique fut présenté à Hitler le 5 décembre 1940

(...) A aucun moment lors leurs études respectives sur la planification des opérations, [les généraux] Marcks et Paulus ne laissèrent planer le moindre doute quant aux chances de succès d'une campagne militaire en Russie. Au contraire, ils estimaient tous les deux que seulement huit à onze semaines de lutte suffiraient à la Wehrmacht pour mettre hors de combat l'Armée rouge (1)
 
C'est trop beau pour être vrai...

(1) Lemay, op cit, page 205

2 commentaires:

xouxo a dit...

Il est intéressant de se replacer dans le contexte de l'époque. L'armée rouge n'avait pas du tout cette aura de résistance inébranlable qu'elle acquît par le suite de 42 à 45.
En 1940, l'armée rouge est une armée tenue en échec en Finlande (guerre d'hiver), tenue en échec auparavant lors de la guerre sovieto-polonaise.
Elle est aussi vue comme l'héritière de l'armée tsariste qui avait été balayée en 1917, alors que l'armée française, elle, avait tenu bon.
Quoi de plus logique, deslors que l'armée française avait été vaincu à plate couture, que de penser que la werhmarcht ne ferait qu'une bouchée de l'armée rouge...

Anonyme a dit...

Bonjour!
Compliments pour ce blog...
Les allemands sont sûrs d'eux car ils savent que l'armée rouge a été désorganisée par les purges staliniennes...et ce d'autant plus que leurs services secrets ont réussi un coup tordu particulièrement vicieux en montant un dossier compromettant contre le maréchal tchoukhatchevski, un excellent chef de guerre mais suspect aux yeux de Staline (aristocrate rallié au mouvement bolchévik...comme Lénine et surtout une tête qui dépasse et peut lui faire concurrence).
Le mécanisme infernal et tordu à souhait a été monté par le très machiavélique Rheinhard Heydrich et mis en musique par son âme damnée, le non moins ignoble Alfred Naujocks; C'est un coup de billard à trois bandes qui implique un général russe blanc assez méprisable réfugié à Paris (le général Miller)et son épouse, la très belle et très vénale cantatrice Nadia Plevitskaïa dans le rôle de la Mata-Hari de service. Elle est une (pas) honorable correspondante du NKVD et fera passer un dossier forgé de toutes pièces par le SD allemand pour incriminer Tchoukhatchevski...une manip qui entraînera des purges massives d'officiers expérimentés , la paranoïa de Staline n'ayant pas de limites.
Par ailleurs les services de renseignements de l'Union Soviétique se raccrochent à une idée (à priori pas sotte) : Les Allemands n'ont pas commandé / stocké de vêtements chauds pour les soldats ni d'huile moteur monograde fluide (SAE 5 ou équivalent) pour les tanks et les avions...ils n'imaginent pas que Hitler risque un coup de poker sur la guerre éclair terminée avant l'arrivée de l'hiver.
Dans leurs petits calculs , les allemands ont aussi négligé le fait qu'ils ne sont pas les seuls à avoir tiré des leçons de la Guerre d'Espagne, les moujiks rouges ont très bien vu que les avions polikarpov (même dans la version monoplan Mosca / Rata) étaient très limite face aux Messerschmitt 109 et ils ont probablement aussi superbement ignoré le front d'extrême orient et la bataille de Khalkin Gol où les chefs de l'Armée rouge ont gagné une vraie expérience du combat