mardi 26 décembre 2023

7780 - le ver dans le fruit

Le Me-110 : très puissant, trop peu maniable...
... cette déroute de la Luftflotte V, qui est aussi celle du chasseur lourd Me-110, contraint en tout cas dores et déjà la première à ne plus jouer aucun rôle dans les semaines et même les mois à venir, et consacre l’échec définitif du second dans son rôle d’escorteur de bombardiers.

Jour après jour, la Bataille d’Angleterre se transforme donc en une lente et très classique bataille d’attrition, où le vainqueur sera nécessairement celui des deux adversaires qui, le premier, parviendra à épuiser l’autre en lui infligeant plus de pertes qu’il n’en subit lui-même de son fait.

Sur le papier, la Lufwaffe - nous l’avons dit - combat au moins à trois contre un mais, sur le terrain, subit des pertes grosso-modo du même ordre,... ce qui ne serait pas encore trop grave si les dites pertes s’avéraient aussi faciles à remplacer.

Et c’est bien là le problème ! Car si les usines des deux camps sont autant en mesure l’une que l’autre de fabriquer de nouveaux avions, il en va déjà tout autrement pour les pilotes !

Souvent vétérans des Campagnes de Pologne et de France, les aviateurs allemands abattus au-dessus du sol anglais sont en effet condamnés, lorsqu’ils survivent, à finir la guerre dans des camps de prisonniers que les Britanniques, pour réduire à néant toute possibilité d’évasion, s’empressent du reste d’ériger en sol canadien.

A contrario, les pilotes anglais, mais aussi canadiens, ou alors français, polonais ou tchécoslovaques exilés en Grande-Bretagne peuvent, dans les mêmes conditions, pour ainsi dire remonter dans un autre avion quelques heures plus tard, et ainsi poursuivre la lutte comme si de rien n’était.

Le ver est déjà dans le fruit : lentement, insidieusement, la Luftwaffe est en effet condamnée à voir définitivement disparaître un nombre de plus en plus élevé d’aviateurs chevronnés, sans disposer, du moins à brève échéance, d’une relève du même niveau.

C’est la seconde cause de l’inévitable échec à venir...

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour!
Excellent blog!
Dans cette histoire, les anglais ont un as supplémentaire dans leur manche (!) et même plusieurs.

Il y a bien sûr le Radar :les pylône du très primitif mais cependant efficace Chain Home n'ont pas échappé aux allemands mais ils n'ont apparemment pas compris leur véritable usage (Ils l'ont catalogué comme étant un système de radiogonio naval) , et ce d'autant plus que, le terme de Radar (forgé par les américains) n'existe pas encore, la désignation britannique RDF (Radio Detection Finding) est volontairement trompeuse et évoque plutôt un repérage guidage gonio (comme les allemands en installeront plus tard à Stavanger/Ploneïs en Bretagne/ et Lugo en Espagne franquiste , sous le nom d'Elektra Sonne, devenu ensuite le Consol, qui a ensuite été détrôné par le LORAN puis par les systèmes satellitaires Transit et GPS / Glonass et Gallileo.

Watson-Watt qui développa le radar anti-aérien (après avoir été recruté pour enquêter sur un soi-disant rayon de la mort allemand, sorti d'une BD de Science Fiction) avait parfaitement estimé l'état de l'art et de la technique de la fin des années 30, il disait que Chain Home était du 3° choix mais que mieux valait du 3° choix disponible et fonctionnel que du 2° choix qui arrive trop tard et du 1° choix qui n'arrivera peut être jamais en fin de développement.

D'autre part, les anglais jouent à domicile ...et férus de tradition navale, ils se sont bien organisés pour repêcher les pilotes tombés à l'eau: La RAF a ses propres vedettes ultra rapides de sauvetage (Air sea rescue), équipés de moteurs d'avion dégonflés, qui complètent les lents canots de sauvetage classiques de la RNLI civile, il y aura bientôt des canots de sauvetage parachutables crées par le champion de régates Uffa Fox , qui sont des embarcations dynamiques, capables de rentrer en Angleterre à la voile et au moteur contre les vents dominants, contrairement aux dinghies gonflables...
Et il y a aussi la reconversion des Supermarine Walrus , hydravions d'observation catapultables , aussi disgracieux que robustes: A mesure que les grands croiseurs et cuirassés s'équipent de radar et de DCA, les Walrus et leurs catapultes sont débarqués et les Walrus finissent leur utile existence pour des missions de sauvetage (SAR- Search & Rescue) au sein du Coastal Command.

En face, pas grand chose, même si les Allemands ont plus tard ancré en Manche un certain nombre de grosses bouées métalliques ressemblant à des kiosques de sous marin comportant une échelle d'accès , une écoutille et un compartiment couchettes avec nourriture, vêtements secs et une radio de secours....le problème des aviateurs allemands étant de se crasher ou de se parachuter au plus près de ces hâvres de salut...ce qui est assez irréaliste, essayez donc de nager avec une tenue de vol d'aviateur et un gilet de sauvetage gonflé