lundi 20 novembre 2023

7744 - "Pourvu que l'Arrière tienne !"

Manifestation contre la fermeture d'un cabaret pour cause "d’immoralité", Paris, 1916. Où est la guerre ?
... jusqu'à l'apparition des tanks, tout à la fin du conflit, la 1ère GM, loin d'être affaire de mouvements, n'a en fait été qu'une vaste et interminable querelle de tranchées érigées au beau milieu des champs, donc fort loin des capitales politiques, économiques et industrielles des principaux adversaires français, britanniques, russes, allemands, austro-hongrois et, a fortiori, américains

Pendant quatre ans, les belligérants se sont échangés des milliers de tonnes d'obus et de mitrailles au dessus de leurs tranchées respectives, pour un résultat qui, mesuré en terme de progression ou de recul, a rarement dépassé quelques dizaines ou centaines de mètres !

Le "Front" est ainsi devenu un rempart infranchissable qui, de part et d'autre, a efficacement protégé les villes et surtout les usines d'armements situées en leur centre, lesquelles ont donc pu, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, continuer à produire tranquillement balles et obus, mitrailleuses et canons qui, une fois acheminés jusqu'au Front, ont ensuite fauché des dizaines de milliers de misérables soldats dans une sorte d'infernal mouvement perpétuel.

"Pourvu que l'Arrière tienne !", n'ont cessé d'ironiser les poilus, souvent abasourdis - pour ne pas dire scandalisés - de découvrir au fil d'une de leurs rares permissions que la vie en ville n'avait pour ainsi dire pas changé depuis le début de la guerre.

Oh, les citadins ont certes dû composer avec l'une ou l'autre restriction ou pénurie, mais on les a toujours vu se rassembler en grand nombre au cinéma et au théâtre, rire, danser, se promener avec insouciance dans les squares et, à condition d'être suffisamment fortunés, s'attabler dans les meilleurs restaurants et cabarets, tandis que les combattants croupissaient quant à eux dans la boue des tranchées, et au milieu de la vermine et des rats...

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour!
Compliments pour le blog...c'est effectivement saisissant ce contraste entre le front et l'arrière..en 1918 , les petits jeunes gens qui n'avaient pas été mobilisés suivaient la mode en coiffant les cheveux à l'arrière...les ex-poilus parlaient de coiffure "a l'embusqué"(les embusqués c'étaient ceux qui avaient trouvé des planques à l'arrière du front)...mais lesdits jeunots parlaient de coiffure "à l'aviateur" pour contrer ce mépris et se réclamer du prestige des "chevaliers du ciel"...anecdotique si on veut mais çà montre la profondeur de la,division dans la,société entre les combattants et les "planqués".

Les tranchées ...je dirais creusées plutôt qu'érigées...l'érection d'un immeuble (ou d'autre chose) çà se dresse en hauteur, en principe.