mardi 16 mars 2021

6674 - un curieux équilibre

Soldats britanniques examinant un Tiger abandonné, avec un Panther calciné à l'arrière-plan
... une semaine après le Débarquement, il est déjà évident que le "Grand Coup" rêvé par Hitler n'a plus aucune chance de se produire : rien - et pas même les divisions de Panzers-SS - ne peut plus rejeter les Alliés à la mer, ni même les empêcher de continuer à déverser tanks et fantassins sur les plages.

En revanche, immobiles et dissimulés dans le bocage, soutenus par plusieurs centaines de canons anti-tanks de 88mm, les Panzers de la 21ème, de la 12ème SS et de la Lehr, ont réussi à transformer toute charge de blindés alliés en aller-simple pour le parc à ferrailles.

Pour détruire un Panther allemand de 45 tonnes, les Sherman de 32 tonnes, qu'ils soient américains, canadiens ou britanniques, doivent en effet s'y mettre à quatre ou cinq... ou alors compter sur la présence providentielle d'un rare Firefly à canon de 17 livres :  le 30 juin, trois JagdPanther - version à casemate fixe du Panther - vont même parvenir à détruire une dizaine de Churchill - le mieux protégé des tanks britanniques - en moins de deux minutes !

Et pour venir à bout d'un Tiger de 55 tonnes, la situation est pire encore, puisque les Sherman "ordinaires" n'ont d'autre choix que de tenter un débordement par les flancs, afin de le canonner par l'arrière !

Sur le strict plan du blindage et, en général, de la puissance de feu, les Panther et Tiger, même s'ils ne représentent que le quart du parc blindé allemand, sont donc largement supérieurs à leurs adversaires ce qui devrait donc, en toute logique, les rendre quasiment invincibles.

Pourtant, sur le terrain, chaque tentative de contre-attaque allemande s'est également soldée par un échec tout aussi enrichissant pour les ferrailleurs : lourds, lents, massifs, et mécaniquement très fragiles, ces tanks allemands constituent en effet des cibles idéales pour les chasseurs-bombardiers ou les canons de marine alliés, contre lesquels même leur épais blindage ne vaut pas mieux que du papier-mâché.

Pendant plusieurs semaines, un curieux équilibre va donc s'installer à l’Ouest : qualitativement inférieurs, les tanks alliés ne peuvent avancer vers l'intérieur, alors que les tanks allemands, inférieurs en nombre et constamment pilonnés par l'Aviation, ne sont pas davantage en mesure de les refouler vers les plages…

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Il y a aussi un petit détail, un charme de la couleur locale, avec les vaches laitières et le camembert: les haies vives du bocage Normand...à cette époque les petits paysans sont nombreux , il n'y a pas eu de remembrement ni d'échanges de parcelles pour faire des champs labourables avec des tracteurs et le paysan normand est chicanier et ne se prête pas facilement aux échanges fonciers...d'où des parcelles minuscules et incroyablement imbriquées

Du coup il y a des milliers de haies d'arbres (qui auto-construisent de véritables murs végétaux en quelques saisons vu le climat local) qui , même pour les tanks ,sont difficilement franchissables et sont autant de cachettes pour les tireurs embusqués des deux camps, parfois armés de lance grenades antichar (bazooka, panzerfaust..etc).
Parmi les combattants américains de cette "bataille des haies, il y avait le cinéaste Samuel Fuller, qui en a gardé un souvenir particulièrement marquant