mardi 3 septembre 2019

6134 - un exploit acrobatique

L'exfiltration de Mussolini : exploit acrobatique en seulement quelques mètres
… pour faire descendre Mussolini de sa montagne, et l’amener le plus vite possible auprès d’Hitler, on a, là encore, opté pour la solution la plus audacieuse, en l’occurrence un petit Fieseler-Storch monomoteur, qui  devra se poser, et surtout repartir (!) en quelques dizaines de mètres seulement.

Mais après avoir brillamment négocié la première partie de l’opération, le pilote hésite, juge l’avion trop lourd pour le décollage,... et d’autant plus qu’en sus de Mussolini lui-même, il vient d’apprendre qu’il devra également emporter Skorzeny, lequel n’a aucune envie de redescendre par le funiculaire (1), puis d’endurer le long voyage par la route qui le priverait inévitablement de sa part de gloire !

Impossible, néanmoins, de résister au moindre désir de cet homme déjà légendaire, qu’on dit intime du Führer, et que le Führer a d’ailleurs personnellement chargé de retrouver, puis de lui ramener, l’ex-dictateur italien !

Alors le pilote y va et lance l’avion surchargé qui, après avoir de justesse échappé à un capotage, parvient tout de même à prendre son envol et à rallier un terrain près de Rome, où un Heinkel 111 se tient prêt à décoller pour Vienne.

Le lendemain, Mussolini, toujours flanqué de l’inévitable Skorzeny, embarque dans un nouvel appareil, qui les dépose tous deux à Munich, ultime étape d’un parcours qui doit finalement les amener jusqu’à Rastenburg où Hitler les attend avec impatience…

(1) quelques minutes avant l’attaque sur l’hôtel, un autre commando de paras s’était emparé de la station du funiculaire, en contrebas de la montagne

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Le storch était un strict biplace en tandem ...et en plus Skorzeny était un gaillard taillé comme un pilier de rugby, genre 1M90 et presque 100 Kilos.
La piste était trop courte, même pour un storch et semée de rochers (en partie déblayés par les efforts conjoints des soldats italiens et allemands).

Gerlach, le pilote, était placé devant le célèbre dilemne perdant - perdant qu'on nomme double contrainte chez les psychiatres californiens ou Catch 22 chez l'écrivain, ex aviateur et pacifiste -humoriste grinçant Joseph Heller.

Refuser d'embarquer skorzeny (à supposer qu'il soit possible de refuser quoi que ce soit à un SS armé jusques aux dents et en plus bien vu de Hitler et des hautes sphères de la SS) c'était les pires ennuis assurés et au minimum une mutation sur un secteur mortel du front russe. Accepter c'était la mort imédiate au milieu d'une gerbe de flammes.

Sans être extralucide, je suppose que l'infortuné Gerlach (qui pourtant protesta véhémentement) a dû se dire "Puisque ce fou furieux de Skorzeny y tient tant que çà, qu'il embarque , j'y laisserai ma peau , mais lui aussi."

Cet épisode de la 2° GM a été revisité par l'historien Alain Decaux (Dramatique Radio et livre dans les anées 70 après avoir rencontré bon nombre de témoins directs) . Il y est relaté que l'appareil , d'abord retenu au point fixe par une escouade de paras et moteur emballé à s'en péter les bielles, arracha une roue du train d'aterrissage sur un rocher, bascula dans le précipice en un piqué vertigineux et que le pilote parvint à réaliser une ressource à seulement trente mètres du fond de la vallée.
En bonne justice, il fut décoré en même temps que Skorzeny.
Un autre Storch avait été prévu qui s'était posé non moins acrobatiquement à la gare basse du téléphérique mais lui aussi avait eu une avarie de train d'atterrissage.

De toute façons c'était pour Mussolini un sursis (qui plus est bien amer - la tristement célèbre RSI ou République de Salo) et s'il s'était crashé il aurait épargné bien des tracas à nombre de personnes , dont son propre gendre, Galeazzo ciano, signataire de la motion Grandi qu'il fit fusiller au terme du honteux procès de Vérone...

Julian a dit...

Merci pour ce commentaire riche en détails !