… à Vienne, à Berlin, à Munich, à Paris, à Londres, à Belgrade, à Saint-Petersbourg, cet enthousiasme pour la guerre est évidemment d’autant plus fort que la guerre n’a pas encore vraiment commencé, que les soldats n’ont pas encore vu des dizaines, des centaines, et finalement de milliers de leurs camarades mourir autour d’eux, et que leurs fiancées, leurs épouses, leurs mères n’ont pas encore appris à redouter la venue du facteur chargé de leur apporter la terrible nouvelle.
Chacun est même convaincu que la guerre ne durera que quelques semaines, trois mois au plus, et qu’elle sera bien évidemment victorieuse. Et parmi les foules qui manifestent leur joie de se retrouver en guerre, personne du reste n’aurait l’idée d’en questionner les raisons ni, a fortiori, de se demander si peut-être, éventuellement, qui sait, leurs propres dirigeants n’auraient pas une part de responsabilité dans le déclenchement de celle-ci !
(…) "le peuple se fiait encore sans réserve à ses autorités; personne en Autriche n’aurait osé risquer cette pensée que l’Empereur François-Joseph, le père de la patrie universellement vénéré, aurait dans sa quatre-vingt-quatrième année appelé son peuple au combat sans y être absolument contraint, qu’il aurait exigé le sanglant sacrifice sans que des adversaires méchants, perfides, criminels eussent menacé la paix de l’Empire.
(…) Si l’on en était venu à la guerre, cela n’avait pu être que contre la volonté leurs propres hommes d’État; eux-mêmes ne pouvaient être en faute, personne dans tout le pays n’encourait la moindre responsabilité.
C’était donc de l’autre côté de la frontière, dans l’autre pays, que devaient nécessairement se trouver les criminels, les fauteurs de guerre; si l’on prenait les armes, c’était en état de légitime défense contre un ennemi astucieux et fourbe, qui sans le moindre motif attaquait la pacifique Autriche, la pacifique Allemagne" (1)
(1) Zweig, op cit, pages 279-280
Chacun est même convaincu que la guerre ne durera que quelques semaines, trois mois au plus, et qu’elle sera bien évidemment victorieuse. Et parmi les foules qui manifestent leur joie de se retrouver en guerre, personne du reste n’aurait l’idée d’en questionner les raisons ni, a fortiori, de se demander si peut-être, éventuellement, qui sait, leurs propres dirigeants n’auraient pas une part de responsabilité dans le déclenchement de celle-ci !
(…) "le peuple se fiait encore sans réserve à ses autorités; personne en Autriche n’aurait osé risquer cette pensée que l’Empereur François-Joseph, le père de la patrie universellement vénéré, aurait dans sa quatre-vingt-quatrième année appelé son peuple au combat sans y être absolument contraint, qu’il aurait exigé le sanglant sacrifice sans que des adversaires méchants, perfides, criminels eussent menacé la paix de l’Empire.
(…) Si l’on en était venu à la guerre, cela n’avait pu être que contre la volonté leurs propres hommes d’État; eux-mêmes ne pouvaient être en faute, personne dans tout le pays n’encourait la moindre responsabilité.
C’était donc de l’autre côté de la frontière, dans l’autre pays, que devaient nécessairement se trouver les criminels, les fauteurs de guerre; si l’on prenait les armes, c’était en état de légitime défense contre un ennemi astucieux et fourbe, qui sans le moindre motif attaquait la pacifique Autriche, la pacifique Allemagne" (1)
(1) Zweig, op cit, pages 279-280
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