vendredi 30 novembre 2018

5757 - l'infernale dynamique de la retraite

Canon de campagne allemand, en Crète
… autoriser une retraite est une chose, l’organiser de manière à ce qu’elle se déroule en bon ordre et n’en entraîne pas une autre, puis une autre, et une autre encore, jusqu’à se terminer en débandade générale, est autrement plus difficile, a fortiori lorsque la dite retraite doit s’opérer quasiment sans moyen de communication, et presque toujours de nuit, vu la totale supériorité aérienne de l’adversaire qui, lui, ne cesse de recevoir du nouveau matériel et de nouveaux renforts de troupes fraîches et forcément rendues joyeuses par la certitude de la victoire.

Car la retraite a sa dynamique propre, et forcément négative : chaque nouveau recul rend en effet le suivant plus acceptable - donc plus probable - pour le soldat de plus en plus démoralisé qui, à chaque pas, prend de plus en plus conscience de l’ampleur de sa défaite et ne souhaite plus qu’en finir au plus vite, que ce soit chez lui ou alors dans un camp de prisonniers.

Dans toutes les guerres, et dans toutes les armées, la retraite est un cercle vicieux dont il est extrêmement difficile de s’extraire, surtout si les chefs s’avèrent incapables de remotiver leurs hommes, ou ne donnent pas franchement l’impression qu’il maîtrisent, ou simplement comprennent en quoi que ce soit (!), la réalité de la situation qui se déroule pourtant en direct sous leurs yeux.

Et en Crète, c-à-d sur une île, cette dynamique infernale est d’autant plus préoccupante que le soldat sait qu’il ne pourra reculer longtemps sans finir par tomber sur un obstacle infranchissable, à savoir un rivage, où il se retrouvera alors sans défense et dans l’attente désespérée du bateau qui viendra - ou pas - le sortir de sa fâcheuse situation...


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