soldat américain, prenant un peu de repos... |
… pour Wacht am Rhein, Hitler a de toute évidence vu trop grand, et trop loin.
A sa décharge, il est néanmoins évident que seule une action d’éclat à l’Ouest, c-à-d un "grand coup", était susceptible de lui apporter les quelques semaines et peut-être même les quelques mois de répit dont il estimait avoir besoin pour renforcer ses positions à l’Est.
Cette ambition, nous l’avons dit, était purement chimérique, mais à partir du moment où la capitulation était exclue par principe, et où une attitude strictement défensive ne pouvait en rien changer l’issue de la guerre, c’était la seule conduite à tenir : même couronnée de succès, une attaque sur un objectif plus modeste, comme les Ière et IXème Armée américaines autour d’Aachen, que proposait notamment Model, n’aurait nullement dissuadé les Anglo-Américains de mener leur propre offensive vers Berlin quelques jours ou semaines plus tard.
Bien plus conscient des réalités, et en particulier des véritables possibilités de l’armée allemande de cette fin de guerre, les militaires professionnels comme Model, von Runstedt, ou même Dietrich (!), savaient parfaitement qu’ils n’avaient pour ainsi dire aucune chance, avec les moyens somme toute limités dont ils disposaient, d’atteindre Antwerpen ni, a fortiori, de l’atteindre en seulement une semaine (!), mais ils se sont néanmoins ralliés au plan d’Hitler non par servilité, peur ou devoir, comme on l’a trop souvent écrit, mais d’abord et avant tout parce qu’ils reconnaissaient n’avoir rien de fondamentalement meilleur à proposer dans les circonstances ô combien dramatiques du moment.
Hitler, du reste, n’était ni un "fou" ni un homme "qui ne comprenait rien à la guerre" : pour Wacht am Rhein, par exemple, il avait parfaitement saisi l’intérêt d’attaquer au beau milieu d’un hiver qui ne pourrait que clouer l’Aviation alliée au sol, d’attaquer dans une forêt que les Alliés jugeaient quasiment impénétrable et où ils n’entretenaient donc qu’un minimum de troupes, d’attaquer dans un secteur presque exclusivement défendu par des troupes mises au repos ou alors sans aucune expérience de la guerre, et d’attaquer avec, pour une fois, davantage de troupes que n’en possédait l’ennemi…
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